"L'oiseau sous terre", un superbe poème de Michel Lagrange

Publié le par Christaldesaintmarc

Lors du vernissage de l'exposition de "La cave aux oiseaux", en hommage aux découvertes de Jean-François Chéreau auteur de fouilles à Chamesson, Michel Lagrange a offert à Jean-François Chéreau, et au public, un superbe hymne à l'oiseau sous terre qui renaît à la vie lorsqu'il revoit la lumière...

"L'oiseau sous terre", un superbe poème de Michel Lagrange

 L’OISEAU SOUS TERRE

 

Énigme à demi-effacée…

Avenir d’autrefois…

Rêve d’une ombre ensevelie…

 

La vie attend sous terre

Une exultation qui la justifie

Et la métamorphose.

 

Innocence et mystère…

Une espérance,

Un frémissement se souvient…

 

Le temps s’est arrêté,

Le temps qui vieillit dans nos caves

Et qu’on oublie,

Jusqu’à ce qu’il se fasse entendre…

 

Quelques pierres… un décor… des rinceaux de couleurs…

Un oiseau s’impatiente…

 

Hantée de souvenirs et de pressentiments,

Ma maison a connu, certains jours, des frissons

Que l’oiseau seul expliquera, plus tard…

 

Quel temps fait-il continûment sous terre ?

Une nuit d’exil écrasant,

Plus bas que ciel… plus haut que terre…

 

Enfin, la découverte au bout de mes tâtonnements…

 

Le tremblement du temps qui se délivre…

Le regard d’un oiseau rattrapé par la vie…

 

Entre chaos et sauvegarde,

Une œuvre d’art,

L’accord silencieux de la terre et de l’esprit.

 

Je suis l’acteur qui fait renaître

Un oiseau des siècles des siècles...

 

Espérant qu’il ne succombera pas

Aux éléments d’une terre étrangère

Et d’un ciel inhospitalier,

Je fais monter l’oiseau vers la lumière.

 

Dans le faux jour d’une fresque inventée

Par le besoin de vivre ailleurs,

Un oiseau apparaît,

Pour la première fois, perdu et retrouvé…

 

Cet oiseau… quelques autres…

Entre l’absolu de l’artiste

Et la cécité du sous-sol.

 

Illusion des temps confondus…

 

L’oiseau dont je ne savais rien

Se réalise et redonne à mes yeux

La naïveté de l’enfance.

 

Un oiseau, contemporain de mes jours

Autant que du peintre appliqué

Au panneau sans bruit de ses fresques.

 

À mes questions, l’oiseau répond

À hauteur d’homme.

 

Un souffle issu de mon passé

Devient mon avenir,

Comme si les événements de ce lieu de ma vie

Ne se succédaient pas,

Mais demeuraient contemporains,

Simultanés, heureux que nous nous retrouvions

Ici et maintenant.

 

 Le paradis tient tout entier

Dans l’oiseau qui regarde un homme

En train de lui redonner vie.

 

 Un homme, à revoir l’éclat d’une étoile éteinte,

Acquiert profondeur et vertige.

Il est réinventé.

 

 A cappella, l’oiseau qui se met à chanter

Contient les chants de toutes les époques.

Il est mémoire… oubli… résurrection.

Un nouveau temps commence…

 

Un oiseau, les oiseaux sans nom

Qui font d’un arbre un pays de non-lieu,

Alors que se fait oublier

La nuit pesante et sans couture.

 

Oiseau que l’ankylose a failli pétrifier,

Mais qui reçoit de la curiosité solaire

Une envie d’envol à nouveau…

 

Ainsi pactise un soleil aujourd’hui

Avec l’Antiquité d’un village en Bourgogne…

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article