Saint Nicolas est présent dans presque toutes les églises châtillonnaises....
En recherchant les statues de saint Roch et de saint Sébastien, saints évoqués autrefois en cas d'épidémies, suite au passionnant notule de Dominique Masson, je me suis aperçue que nos églises Châtillonnaises possédaient presque toutes des statues de saint Nicolas...
Est-ce la proximité de la Lorraine, des Vosges, de l'Alsace, de la Franche Comté où saint Nicolas est très fêté ?
Car chez nous autrefois , en Bourgogne du sud, on fêtait seulement le premier jour de l'année en accueillant le "Père Janvier", bien avant que la mode américaine du Père Noël déferle sur la France....
(Voir en fin d'article l'explication de cette dévotion pour saint Nicolas dans le Châtillonnais, donnée par Anne Bouhélier)
Quand j'étais enfant j'adorais la fameuse comptine de la légende de saint Nicolas "Ils étaient trois petits enfants qui s'en allaient glaner aux champs" que me chantait ma grand-mère....
Au pied des statues de saint Nicolas que j'ai photographiées dans nos églises, ils sont bien là, les trois petits, sortant du saloir du méchant boucher....dans des statues toutes différentes.
A Autricourt :
A Bissey la Côte :
A Bâlot :
A Bouix :
A Brion sur Ource :
A Channay :
A Coulmier le Sec :
A Fontaines en Duesmois :
A Gommeville :
A Gommeville (chapelle) :
A Grancey sur Ource :
A Griselles :
A Marcenay :
A Savoisy :
A Saint-Germain-le Rocheux :
A Grancey sur Ource :
A Thoires :
A Veuxhaulles sur Aube :
A Châtillon sur Seine, au dessus du porche de l'église qui lui est dédiée, curieusement pas de petits enfants à ses pieds !
Saint Nicolas est aussi souvent représenté dans des bâtons de procession.
A Brion sur Ource :
A Thoires :
A Villers-Patras :
A Villotte sur Ource :
Je ne peux résister....
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs
Tant sont allés, tant sont venus
Que le soir se sont perdus
Ils sont allés chez le boucher
Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Ils n'étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués
Les a coupés en p'tits morceaux
Mis au saloir comme pourceaux
Saint Nicolas au bout d'sept ans
Vint à passer dedans ce champ
Alla frapper chez le boucher
Boucher, voudrais-tu me loger ?
Entrez, entrez Saint Nicolas
Il y a de la place, il n'en manque pas
Il n'était pas sitôt entré
Qu'il a demandé à souper
Du p'tit salé, je veux avoir
Qu'il y a sept ans qu'est dans le saloir
Quand le boucher entendit ça
Hors de la porte il s'enfuya
Boucher, boucher, ne t'enfuis pas
repens-toi, Dieu te pardonnera
Saint Nicolas alla s'asseoir
Dessus le bord de ce saloir
Petits enfants qui dormez là
Je suis le grand Saint Nicolas
Et le Saint étendant trois doigts
Les petits se lèvent tous les trois
Le premier dit "j'ai bien dormi"
Le second dit "Et moi aussi"
Et le troisième répondit
"Je me croyais au Paradis"
A noter que le méchant boucher est ensuite devenu...le fameux père Fouettard !
Anne Bouhélier nous donne la raison pour laquelle saint Nicolas était fêté dans le Châtillonnais, et donc présent dans nos églises ! Merci à elle ....
St Nicolas dans le Châtillonnais était célébré comme saint patron des jeunes gens à marier et Ste Catherine comme sainte patronne des jeunes filles. Ces deux fêtes codifiaient les relations entre filles et garçons à une époque où les occasions de rencontres étaient plus restreintes qu'aujourd'hui et où les choix matrimoniaux étaient très encadrés.
Les festivités comportaient au cours de la journée : cérémonie religieuse, procession, partage de la brioche mais aussi un grand bal. Traditionnellement, le bal était offert par les filles aux garçons lors de la Ste Catherine et les garçons rendaient l'invitation pour la St Nicolas. Ce rite très important jusqu'au début du XXe siècle et généralisé sur l'ensemble des paroisses de notre secteur explique le fait que l'on trouve des statues de St Nicolas et de Ste Catherine d'Alexandrie dans une majorité d'églises.
Ce patronage trouverait son origine dans le "miracle des trois filles". Selon la légende dorée, St Nicolas avait pour voisin un homme qui, ruiné, ne pouvait marier ses trois filles faute de dot. Ce dernier envisageait de les prostituer afin de récolter l'argent nécessaire à leurs subsistances. Nicolas, refusant que ses jeunes voisines ne puissent se marier, décida, en secret, de donner trois bourses pleines d'or à ces jeunes femmes. L’homme put marier ses filles et toute la famille fut heureuse ! "
Ce geste fit de Nicolas le saint patron des jeunes gens à marier.
Merci Anne pour vos révélations ! il ne me reste plus qu'à répertorier les statues de sainte Catherine d'Alexandrie qui, il est vrai, sont très présentes dans nos églises, je m'en étonnais souvent car cette sainte ne me parlait pas du tout, maintenant j'ai compris !