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Publié par Christaldesaintmarc

Revenons au jeune Bernard

Après avoir appris à lire et à écrire, il va recevoir une formation purement littéraire, traditionnelle, mais d’excellente qualité, de la part des chanoines de Saint-Vorles.

 Ces années de lectures et d’exercices  vont lui permettre d’acquérir une excellente connaissance dans de nombreux domaines  et il va mémoriser  de nombreuses formules de langage.

Il va étudier à fond la Bible, dans le texte de la Vulgate, établi par saint Jérôme.Plus tard, les mots venus de la Bible latine abondent dans les textes de Bernard, surtout ceux venant des 4 Evangiles, de saint Paul, des Psaumes et du Cantique des Cantiques ; ce qui fait penser que, s’il est aussi familier avec l’Ecriture sainte, c’est qu’il l’a beaucoup lue autrefois.

Il a pu fréquenter les œuvres des Pères de l’Eglise dès cette époque, comme saint Jérôme ; saint Augustin ; saint Ambroise ; saint Grégoire le Grand. Et il aura une prédilection pour Origène,  le père de l'"exégèse biblique", qui est le premier à affirmer clairement la virginité perpétuelle de Marie.

Il va connaître aussi les auteurs latins classiques : Virgile ; Ovide ; Sénèque ; Tacite ; Horace ; Juvénal ; Térence ; Perse ; Stace.                                        

Il va connaître aussi Boèce, un philosophe et homme politique romain (Ve/VIe siècle), qui traduisit Aristote ; mais c’est aussi lui qui a forgé le terme de "quadrivium", et ses livres servirent pendant tout le moyen-âge pour l'éducation des moines. On peut penser que Bernard, sans avoir suivi l’enseignement du « quadrivium », en a cependant connu des fragments. 

Concernant le chant et la musique :

il fallait célébrer l’office divin et Bernard a chanté, dans sa jeunesse, des textes de l’Ecriture.

De sorte que, plus tard, Bernard sera chargé par son ordre de réformer le chant grégorien.

Et il y a la grammaire : ce n’était pas seulement l’art d’apprendre à lire et écrire correctement, il y avait également le rythme, la métrique.

Il fallait pour les écoliers composer des vers latins et faire des compositions rythmées.                 

Plus tard, Pierre Béranger, un disciple d’Abélard (que combattra Saint Bernard), accusera Bernard d’avoir composé dans sa jeunesse des vers frivoles, « des poèmes amusants », de petites chansons séduisantes. Et on retrouvera ultérieurement cette rythmique dans ses écrits ; on a pu constater que la prose de saint Bernard est souvent rythmée comme la poésie. 

Et enfin, il y a la rhétorique .

Bernard excelle dans les jeux de mots, les jeux de sons, les artifices de toutes sortes.

Il emploie des figures de style, ce qu’on appellerait aujourd’hui des allitérations, des ellipses, des antithèses…

Voyons maintenant les traits de caractère du jeune Bernard :

Voici ce qu'en dit Guillaume de Saint-Thierry :

«  Le jeune enfant, plein de grâces et doué d’un génie naturel, accomplit promptement à ce sujet le désir de sa mère … Il s’y montrait d’une très grande simplicité, aimant à vivre avec lui-même, fuyant le public, paraissant extraordinairement pensif, obéissant et soumis à ses parents, bon et reconnaissant pour tous, simple et paisible à la maison, sortant rarement, pudique au-delà de ce que l’on peut croire, n’aimant nulle part à beaucoup parler, dévot envers Dieu, appliqué à l’étude des lettres…».

Ill pratique l’aumône : Geoffroy d’Auxerre dira: « Il est encore remarquable que, dès ses plus tendres années, s’il pouvait avoir quelque argent, il en faisait des aumônes en secret ». 

Il est chaste : Guillaume de Saint-Thierry rapporte cet épisode :  

                        

«  Encore enfant, comme il était tourmenté d’un violent mal de tête, il se mit au lit. On lui amena une femme pour apaiser sa douleur par des charmes. La voyant s’approcher avec ses instruments d’enchantement par lesquels elle avait coutume de tromper les gens du vulgaire, il se récria avec une grande indignation, l’éloigna et la chassa de lui …. Se levant aussitôt, il se vit délivré de toute douleur ». 

Il a aussi un sens aigu de l'observation

Bernard, dans ses sermons, fera  énormément allusion aux cinq sens.

Il évoquera  aussi les éléments, les astres, les saisons, les pierres, les plantes et les bêtes.                  

Par exemple, pour la flore, Bernard est sensible aux odeurs ; dans le « Sermon aux clercs », il écrit :

« Vous y verrez pousser des lis admirables ; à peine leurs fleurs commenceront-elles à s’épanouir, que vous entendrez le doux gémissement de la tourterelle ».                                        Et on peut  penser, qu’outre ses connaissances livresques, il a connu ces éléments, en vrai, lors de son séjour à Châtillon.

Lui-même dira plus tard : « On apprend beaucoup plus dans les bois que dans les livres ; les arbres et les rochers  vous enseigneront  des choses que vous ne sauriez entendre ailleurs… ».

Ce fut donc un élève studieux et même surdoué car, selon Guillaume de saint Thierry :

« Le jeune enfant, plein de grâces et doué d’un génie naturel, accomplit promptement à ce sujet le désir de sa mère, car il avançait dans l’étude des lettres avec une promptitude au-dessus de son âge et de celle des autres enfants du même âge ».

mais un élève réservé, timide, sensible.....                             Geoffroy d’Auxerre indique  que Bernard préférait à l’époque plutôt mourir que de parler en public ou d’être présenté à des étrangers.

Par une simple allusion de Bernard lui-même, il semble que ses professeurs ont essayé d’extirper ce défaut par des punitions corporelles, mais ils n’y réussirent jamais complétement.

mais peut-être doué aussi d'un peu d’orgueil ; Pierre Béranger  accusera  Bernard, disant que, dans les concours de versification, il essayait de l’emporter sur tous par son astuce.

SA VOCATION

Bernard va passer une dizaine d’années à Châtillon, auprès des chanoines.

Mais, entre 1103 et  1108,  sa mère, Aleth, mourut. C’est un monde qui s’effondra pour lui.

C’est aussi l’époque où Bernard passait de l’enfance à l’adolescence et avait terminé ses études à Châtillon.

Beau garçon , blondinet aux yeux bleus , il plaisait aux filles.

Agé d’environ 18 ans, Bernard  va alors faire partie d’une bande de  « jeunes » nobles oisifs .           

Mais peu à peu, il va songer à entrer dans un monastère.         

Ses frères voulurent le détourner de ce projet  et l’encourageaient à poursuivre des études.

Il fut décidé qu’il partirait en Allemagne et on fixa un jour pour préparer ses affaires.

Ses frères et son oncle Gaudry de Touillon étaient à ce moment-là auprès du duc de Bourgogne, en train d’assiéger la place forte de Grancey-le-Château. 

Bernard prit donc le chemin de Grancey, mais, selon Geoffroy d’Auxerre

 « comme il se hâtait vers l’endroit prévu pour le jour qui avait été fixé, (Bernard), se mit à méditer et à retourner dans son esprit l’image de sa mère  et à être pénétré  de l’idée qu’il décevait l’espoir qu’elle avait mise  en lui et qu’il ne faisait rien pour celle qui l’avait élevé si tendrement. Voyant alors une église près du chemin, il descendit de cheval, entra  et pleura amèrement, dans une prière les plus ferventes. Puis il partit au rendez-vous ».             

Sa décision était prise

Bernard va se retirer d’abord dans la maison paternelle de Châtillon.

Il y serait resté  probablement de la fin du mois de décembre 1112 jusqu’à la fin  du mois de mai 1113.

Il y est avec son oncle Gaudry, qui avait quitté le siège de Grancey (et, peut-être, plus tard, avec Mille de Montbard, le frère de Gaudry) ; puis il va convaincre peu à peu plusieurs de ses connaissances à le rejoindre :                                                                                                        Il va arriver à convaincre ses quatre frères de le rejoindre.                                                                                  Il y aura aussi deux de ses cousins : Geoffroy de La Roche-Vanneau et Robert de Châtillon et il va également convaincre certains de ses amis :                                                                

 Geoffroy d’Aignay et Arnold (probablement tous deux des amis de « collège » à Châtillon) ; Artaud ; Hugues le Pauvre de Montbard ; il alla même jusqu’à Macon pour convaincre Hugues de le suivre.                                          

Ce zèle de Bernard inquiéta (aussi bien à Châtillon que dans les environs) et on en vint à se demander publiquement, à l’époque, s’il finirait par s’arrêter.

« Il devint  la terreur des mères et des jeunes femmes ; les amis redoutaient de le voir aborder leurs amis » (selon la « Vita »).

Mais tous ne partirent pas vers le monastère, il y eut deux défections.

 Finalement, fin mai 1113, Bernard avec une trentaine de ses compagnons, quitta Châtillon et vint frapper à la porte de Cîteaux, où Etienne Harding les accueillit.

Bernard restera là trois ans, dont un an de de noviciat.

Là, il va compléter, par ses lectures, la formation littéraire  qu’il avait reçue auparavant (Cicéron, les Pères de l’Eglise grecs…).

Mais, comme c’est un surdoué, il va brûler les étapes.

Et, en 1115,  Bernard, avec en particulier quatre de ses frères, ses oncles, des cousins et des amis, partit de Cîteaux pour fonder, le 25 juin, l’abbaye de Clairvaux.

Le chemin Cîteaux-Clairvaux :

 Mais les débuts de l’abbaye furent difficiles.                                              

Selon Guillaume de Saint-Thierry:

«  Un jour que son frère Gérard, qui était le cellérier, se plaignant fortement à lui de ce que l’hiver était proche, qu’il manquait beaucoup de choses nécessaires  aux religieux, et qu’il n’avait point d’argent pour en acheter …(Bernard) lui demanda combien il faudrait pour suffire à cette présente nécessité ; il répondit qu’il faudrait bien onze livres.

Alors le saint,  le renvoya et eut recours à l’oraison ; et fort peu de temps après, Gérard, revenu, lui dit qu’il y avait  dehors une femme de Châtillon qui demandait à lui parler…

Elle se jeta à ses pieds et lui offrit douze livres, le suppliant que l’on priât Dieu pour son mari qui était malade à l’extrémité ; à quoi (Bernard) répondit en peu de mots et la congédia en lui disant : Allez, vous trouverez votre mari en santé ; et elle, s’en retournant chez elle, le trouva guéri, selon la parole de Bernard ».

Ultérieurement, dans ses pérégrinations au cours de sa vie, Bernard dut passer plusieurs fois par Châtillon.

 carte Clairvaux-Fontenay :

 

En 1118/1119, lorsqu’il partit fonder Fontenay, il dut passer probablement par Châtillon et aussi ultérieurement , en particulier pour la consécration de l'église de Fontenay en 1147.

                  Carte Clairvaux-Jully :

Bernard fit également plusieurs voyages pour se rendre à Jully-les-Nonnains (Yonne) .

C’était un prieuré bénédictin, fondé en 1115, par Milon II, qui rassemblait des femmes pieuses (supervisé par Molesme) ; c’est sous les conseils de quatre abbés  cisterciens, dont celui de Clairvaux, que furent élaborés les statuts de Jully,entre 1118 et 1132.  .                                                                                    C’est là qu’Hombeline, la soeur de Bernard,  s’était retirée après sa conversion (elle en sera la prieure).

Bernard y vint en particulier en 1128 et en 1142, pour des prises de voile de certaines de ses parentes ; et, en août 1141, avec ses frères (au moins André et Nivard), il assista aux derniers instants d’Hombeline et  célébra, le lendemain, une messe pour le repos de son âme en présidant les funérailles.

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