L'Ermitage du Val de Seine...
Les Amis du Châtillonnais ont réalisé un cahier bien documenté sur l'Ermitage, Jenry Camus s'y est rendu pour y faire quelques photos et il m'a envoyé de fort intéressantes explications,écoutons-le..
Connaissez-vous l’ermitage du Val-de-Seine ? Oui – Non – Moi, non plus ! Alors je suis allé le voir. Près de Baigneux-les-Juifs, une petite route coupe la Nationale Châtillon-Dijon, serpente entre les champs, traverse un bois et découvre les méandres d’une petite rivière débutante, la Seine. Dans ce beau bois de feuillus, au détour de la route, apparaît l’ermitage. Une barrière, un mur recouvert de mousse, et au fond d’un pré derrière des sapins, le bâtiment, un modeste sanctuaire avec sa chapelle et le logis des ermites.
Dans l’isolement d’une nature qui, à notre époque, n’est plus tout à fait sauvage, le lieu n’a pas l’attrait de la ruine romantique mais vous séduit par le charme de l’abandon. La porte est close mais le mur est solide et nous ne serions pas surpris d’être accueilli par l’ermite. Mais il n’y a personne. Seuls, le bruissement des feuilles et le piaillement des oiseaux troublent le silence. On se sent bien dans ce havre de paix ou l’empreinte séculaire monastique est toujours présente.
L’ermitage, dédié à la Vierge Marie, a été construit au XIIème siècle par les moines de l’abbaye d’Oigny, proche de cinq kilomètres. Le domaine fut rattaché au finage de Baigneux au XIVème siècle et subit outrages et reconstructions au cours des siècles. On connaît le nom des ermites, des religieux anachorètes de l’Ordre de saint Antoine, qui habitèrent ce lieu de 1624 à 1792. De Jean Clart à César de Clugny, 31 ermites ont mené ici une vie autarcique.
On sait également que ce modeste sanctuaire était le but de pieux pèlerinage. Le lundi de Pâques de l’année 1732 une procession de 3000 fidèles vint honorer Notre-Dame du Val de Seine. Deux résurrections d’enfants morts sans baptême, consignées dans des procès-verbaux en 1692 et 1694, peut expliquer ces manifestations si imposantes de la foi catholique dans un endroit si éloigné.
Après la Révolution l’ermitage fut loué par la commune de Baigneux à des fermiers. En 1813, la commune vendit l’ermitage à M. Claude-Sébastien Estienne. En 1870, c’est monsieur Girardot, notaire à Baigneux, qui en devint propriétaire.
La famille Thibault l’acquit en 1921. L’Association paroissiale de Baigneux-les-Juifs, qui l’acquit en 1929, œuvre pour la conservation du site et la perpétuation de son pèlerinage, le dernier dimanche du mois d’août. Depuis 2008, l’ermitage est propriété du diocèse de Dijon.
Un programme de restauration pour redonner à l’ermitage son aspect d’antan est en cours. Une souscription vient d’être lancée par la Fondation du Patrimoine.
Pour mieux connaître l’histoire de l’ermitage, les Amis du Châtillonnais viennent de publier un Cahier, le n° 242, qui réédite un ouvrage écrit en 1876 par P. Girardot, propriétaire à l’époque. Une description très détaillée de la chapelle, des bâtiments, du paysage environnant, montre bien les affres du temps sur l’ermitage. L’histoire du lieu, des réflexions sur la vie monastique et la revue chronologique des ermites qui se sont succédés jusqu’à la Révolution, nous font découvrir et aimer ce lieu de prières et de mémoire.
Une seconde partie du Cahier réédite un ouvrage écrit en 1922 par Eugène Barbier, curé-doyen de Baigneux-les-Juifs « Du culte de Notre-Dame du Val-de-Seine au Sanctuaire de l’Ermitage ». C’est le guide du Pèlerin avec les prières et les chants liturgiques en l’honneur de la Vierge Marie.
( Jenry Camus)