La chapelle Templière d'Epailly...
Epailly,c'est actuellement un grand domaine agricole, à l'écart du village de Courban.
Mais autrefois c'était une Commanderie des Templiers !
Que reste-t-il de cette commanderie autrefois dotée d'un donjon fortifié,dont on ne peut plus voir que des douves comblées ??
Et bien une chapelle ,qui fut longtemps à l'abandon, mais qui peu à peu est restaurée par ses propriétaires actuels..
Une chapelle dont les dimensions énormes surprennent si l'on ne connaît pas son origine...
Voici l'entrée de la ferme d'Epailly,habituellement fermée aux visiteurs ,mais exceptionnellement ouverte lors de la visite des adhérents de "Villages Anciens, Villages d'Avenir"..
C'est Jean Millot,historien du Châtillonnais,président d'"Images en Châtillonnais" qui nous présenta la chapelle,après nous avoir donné un bref historique de la présence Templière dans notre région..
Jean s'appuya sur un remarquable ouvrage de Jean-Bernard de Vaivre ,dont je cite quelques passages ,pour faire son exposé..
Cet établissement créé par le Temple vers 1200 est remarquable à plus d’un titre. Il fut ainsi géré à la fin de cet ordre militaire par un de ses plus hauts dignitaires, Hugues de Pairaud,responsable de ses finances jusqu’à la suppression de l’ordre. Dévolu alors, comme tous les biens du Temple, aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, il en devint l’une de ses principales commanderies, les titulaires du prieuré de Champagne y résidant longtemps. C’est aussi là que se tinrent les chapitres provinciaux qui rassemblaient, chaque été, les chevaliers relevant de cette entité qui couvrait partie de la Champagne, une large part de la Bourgogne et les marches de Lorraine.
Située aux confins de la Bourgogne septentrionale et de la Champagne, dans le diocèse de Langres, la préceptorie d'Epailly devint rapidement un des plus importants établissements de cette région. Sa formation est révélatrice de la manière dont se sont élaborées beaucoup de commanderies de ce genre dans l'Occident médiéval. Là où l'ordre recevait des donations d'une certaine importance et où il espérait pouvoir s'étendre, il fondait une maison, quitte à y rattacher, dès que cela s'avérait réalisable, d'autres domaines, les plus proches possible. On poursuivait le plus souvent en y raccrochant, par achats successifs, des terres adjacentes, procédant au besoin à des remembrements. Ainsi, l'ordre du Temple bénéficia-t-il à Epailly de dons de plusieurs personnages de haut rang comme de donations de leurs vassaux. Si l'original de l'acte n'est pas conservé, il existe cependant, dans un vieil inventaire du XVIe siècle, la mention d'un acte de l'an 1200 émanant d'Eudes, duc de Bourgogne, au terme duquel Aymon, seigneur d'Autricourt, donna aux frères d'Epailly « la pasturaige tant en bois qu'en plain d'Autricourt avec l'affoage de leurs paistres ». Cela signifie que les Templiers étaient déjà installés là, et sans doute depuis quelque temps déjà, pour que le duc de Bourgogne soit appelé à entériner un tel don. On notera d'ailleurs qu'Autricourt n'est pas le fief le plus proche d'Epailly et que si Aymon, seigneur d'Autricourt donna, même aux confins de ses terres, tant prés que bois, des droits de pâture, c'est que les Templiers possédaient déjà un troupeau assez conséquent pour aller pâturer à plusieurs lieues de leur établissement principal.
Lors du procès contre les templiers, sous Philippe le Bel, en 1307, deux des frères, Guillaume de Bissey et Simon de Courban, déclarèrent avoir été reçus dans l'ordre à Epailly, alors que Hugues de Villers était précepteur de cette maison.
Après le fort intéressant exposé de Jean Millot, nous nous sommes dirigés vers la chapelle Templière,cachée pour l'instant derrière de grands arbres..(à gauche,la maison moderne construite sur les ruines de l'ancien donjon)
La chapelle est difficile à photographier : de face les arbres la cachent et sur le côté l'absence de perspective fait que j'ai été obligée de la photographier deux fois...
Cette chapelle est romane, vraisemblablement construite au début du 13e siècle : en effet , des donations de terres sur Courban furent faites aux Templiers des 1215.
Une partie de la chapelle a été modifiée plus tard,en témoigne cette ouverture manifestement gothique...
Voilà la chapelle vue du fond de la cour,les visiteurs y entrent,toujours conduits par Jean Millot...
Les niches visibles sont celles qui contenaient les tombes des prieurs de la Commanderie..
De curieux visages sont visibles en bas des arcades..
De l'autre côté,encore très dégradé,on peut voir la rosace tombée à terre...On se rend compte qu'il y a encore beaucoup de travail à effectuer par les propriétaires actuels pour redonner toute sa beauté à cet édifice Templier !
Lorsque l'on contourne la chapelle en passant par un pré attenant,on se rend compte de son immensité ..Ce serait presque une...cathédrale !
Jean Millot,érudit infatigable,nous montra des documents anciens en les commentant et en répondant aux nombreuses questions..
Je vous avais dit qu'il ne restait rien du donjon (sauf des caves voûtées paraît-il), par contre l'ancienne enceinte fortifiée a gardé cette tour et des courtines...
Une grande réserve d'eau existait près de la Commanderie,elle est aujourd'hui à sec..
Un dernier coup d'oeil à la Chapelle des Templiers, par l'arrière de la "ferme d'Epailly", car on ne dit plus,hélas la Chapelle de la "Commanderie des Templiers d'Epailly"...
Cette visite clôtura magnifiquement cette très belle journée proposée par Villages Anciens, Villages d'Avenir..