Souvenirs de Pierre Roy : les commerçants ambulants de passage dans le village d'Aisey sur Seine
L’épicier coquetier ambulant
Le père Brouard, avec sa voiture fourgon à quatre roues, tirée par un petit cheval, vendait de l’épicerie dans les villages, par troc chez les producteurs, beurre, fromages, œufs, lapins, poulets.
Il se rendait une fois par semaine à Châtillon, vendait à d’autres petits commerçants les produits fermiers, se réapprovisionnait chez Félix Potin (Garnier) en épicerie, café, chicorée etc…
Un concurrent venait de Châtillon avec un triporteur-poussette, un jour par semaine, à pied, plus de 25kms en faisant, Buncey, Chamesson, Nod et Aisey, à l’enseigne commerciale « Au planteur de Caïffa », toujours aimable , commerçant, une fleur à la bouche. Quel courage pour un gagne-petit !
Ramonage ! Ramona du haut en bas !
Avant l’hiver, il y avait le passage du ramoneur, homme de 40 à 50 ans avec un enfant de 6 à 7 ans.
Ils venaient de Savoie à pied, une poussette en osier dans laquelle il y avait un coffre faisant fonction de malle, leur linge propre, couvertures, recouvert d’une toile cirée, cordes, racloirs, piolets, truelles, hérissons .
Ces humbles personnages allaient de villages en villages.
Dans les grandes cheminées, l’enfant montait, muni de moufles aux pieds, genoux et coudes étaient protégés par des genouillères en cuir, ses outils accrochés à la ceinture, grattant la suie et le bistre, montant jusqu’en haut, en s’appuyant de son corps contre les parois de la cheminée.
Dans les cheminées trop étroites, l’enfant montait sur le toit, accrochait un hérisson au bout d’une corde, l’homme en bas tirait, chacun en va et vient.En quinze minutes l’opération était terminée, dans les grandes il fallait une heure.
Que de risques sans la plus élémentaire sécurité, et les pauvres dans quel état ils étaient !
L’enfant entièrement noir, seules les dents blanches et ses yeux prouvaient que c’était un être humain au travail.
Ils se lavaient les mains et le visage, mangeaient un casse-croûte offert, étaient réglés au travail effectué, continuaient chez un autre.
Ces courageux travailleurs passaient la nuit dans les étables, dans le foin ou la paille. Au printemps, leur périple terminé les ramenait dans leur pays avec un peu d’argent pour faire vivre leur famille. Après 1921, on n’en vit plus.