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Victorine de Chastenay, une conférence de Jenry Camus

Publié le par Christaldesaintmarc

Victorine de Chastenay

Lundi 21 mars , Jenry Camus nous a présenté une passionnante conférence sur Victorine de Chastenay-Lanty.

Victorine de Chastenay

Victorine, c'est son amour secret, celle qu'il espère toujours apercevoir de sa fenêtre , se promenant dans la cour de son château d'Essarois..Hélas, Victorine, née sous Louis XV nous a quittés sous le second Empire .

Victorine de Chastenay

Sa vie fut bien remplie, elle côtoya tous les grands personnages de son temps, ce fut une femme de lettres remarquable.

C'est donc sa vie que nous conta Jenry.

 Jenry Camus, outre les très belles projections qu'il a réalisées (dont je ne montrerai qu'une infime partie), a émaillé sa conférence de citations de Victorine de Chastenay : des réflexions sur sa vie, des descriptions de grands  personnages de son époque, et la relation des  événements historiques qu'elle put observer durant sa longue vie..elle qui vécut de Louis XV à Napoléon III !

Victorine de Chastenay

Voilà le château d'Essarois où naquit Victorine de Chastenay...la légende dit que sa balançoire d'enfant était accrochée à cette grosse branche, pieusement jamais  élaguée de l'arbre,  qui étend ses branches dans la cour du château...

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay

Le premier personnage de la lignée des Chastenay-Lanty fut Jean (1190), puis on trouve un Joachim (1598) gouverneur de Châtillon sur Seine.

Le père de Victorine fut Erard, que l'on voit peint, lisant  dans un salon du château d'Essarois.

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay

 La mère de Victorine était  normande,elle se nommait  Catherine-Louise  d'Herbouville.Victorine eut un frère qui mourut sans descendance : Henri-Louis de Chastenay-Lanty.

Victorine de Chastenay

Victorine était une ravissante jeune-fille...

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay

Elle reçut la meilleure éducation que l'on pouvait donner aux jeunes filles nobles de son époque, ses professeurs étaient célèbres : Madame de Genlis éleva le futur Louis Philippe, Nicolas Sejean était un organiste parisien très célèbre..

Victorine de Chastenay

Victorine, à 9 ans, lisait Pétrarque et l'histoire d'Angleterre, elle apprit le latin,l'Italien,l'Anglais, elle fut formée aux Sciences Naturelles et au dessin (entre autres !)

Victorine devint Chanoinesse d'Epinal, c'était un titre qui ne donnait pas accès à la prise de voile, pour y accéder il fallait justifier de 200 ans de noblesse du côté paternel et maternel.

La Révolution dissout  le Chapitre.

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay fut fort courtisée: par Louis Viesse de Marmont , futur Duc de Raguse, par son filleul Jean-Henry Dupotet (voir le chapitre que je lui ai consacré), mais aussi par François-Etienne Kellermann (jugé beaucoup trop vieux), par Jean-Baptiste Eblé et bien d'autres, elle les évinça tous..

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay

 Les années révolutionnaires furent des années noires pour les Chastenay-Lanty : Erard de Chastenay-Lanty, son  père fut enfermé à la Conciergerie à Paris , Victorine et sa mère le furent à l'Auditoire Royal de Châtillon sur Seine (notre actuelle bibliothèque), elle en sortit au bout de 17 jours couverte de vermine..

Aussitôt libérée (sa mère l'avait été avant elle) elle n'eut de cesse de faire libérer son père, défendu par l'avocat Pierre-François Réal.

Ci-dessous un portrait  de Victorine réalisé en prison par son frère.

Victorine de Chastenay

Pierre-François Réal, l'avocat de son père , qui eut plus tard de hautes fonctions  durant le Directoire, fut son grand amour, mais il était marié et père de deux enfants..

Victorine de Chastenay

Elle lui écrivit 240 lettres où elle décrivait les plantes de nos régions.. Pour l'édition de son "Calendrier de Flore", elle ne conserva que les descriptions des plantes et changea le nom de Pierre-François en "Fanny" .

Victorine de Chastenay

 Victorine, je le disais plus haut, a côtoyé tous les grands personnages de son époque, elle fit la connaissance de Bonaparte (ami, à l'époque de Marmont, on sait ce qu'il en devint plus tard...), lorsqu'elle fut invitée au "Châtelot", la demeure de la famille Marmont à Châtillon sur Seine..Bonaparte se mit à genoux devant elle, mais il ne lui plut pas tant que ça, et plus tard devenu premier Consul et Empereur, elle le détesta.

Par contre, elle fut très amie avec  l'impératrice Joséphine, pas du tout avec Marie-Louise.

Elle fréquenta Paul Barras, madame de Staël, Benjamin Constant, Talleyrand, Alexis Boyer (chirurgien de l'Empereur) Jean Nicolas Corvisart, Joseph Fouché,Valentin Haüy, Georges Cuvier, François Arago, Châteaubriand. et bien d'autres....

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay aimait les "Lettres" et avait un beau brin de plume : elle commença par traduire les écrivains anglais :  Oliver Goldsmith (le village abandonné) , puis Ann Radcliffe , écrivain "gothique' (les mystères d'Udolphe).Puis elle rédigea " du génie des peuples anciens...." "de l'Asie"..

A la fin de sa vie, elle se lança dans l'écriture de ses mémoires, en deux parties : en 1816 des mémoires historiques, en 1817-1818 des mémoires particulières.

Mais les mémoires particulières et historiques furent "mixées" par l'éditeur Rozerot et rééditées par Tallandier.

Victorine de Chastenay

(Les autres oeuvres de Victorine ont été reprises par les Américains et sont rééditées aujourd'hui en Français)

Victorine de Chastenay

Elle a ,dans ses mémoires, la plume acérée contre Napoléon III,Lamartine,Victor Hugo,Alexandre Dumas et Châteaubriand...

Victorine de Chastenay

La Restauration la déçut,elle revint donc très souvent à Essarois avec ses parents, mais les malheurs s'abattirent sur la famille : son père mourra en 1830, sa mère et son frère suivront.

Et comble d'infortune , en 1826, elle s'aperçut que sa vue baissait, en 1835 elle ne put plus lire, on l'opéra de la cataracte d'un oeil (imaginez ce que cela devait être à l'époque !), ce fut  pour elle "le désespoir de la nuit".

Pour écrire elle se servit alors de moyens de fortune : un calque, un poinçon, mais ses derniers écrits seront illisibles..

 Revenue définitivement à Essarois , elle gèra les terres qui lui appartenaient totalement, à présent.

Ci-dessous, les possessions de la famille de Chastenay-Lanty : Essarois, Beaulieu, Rochefort..

Victorine de Chastenay

Victorine de Chastenay

En 1835 elle s'était intéressée aux fouilles qui avaient mis a jour, à Essarois,  un temple dédié à Apollon, elle fit d'ailleurs faire les fouilles à ses frais.

Les objets sont visibles au Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix à Châtillon sur Seine.

Victorine de Chastenay

En 1789, son père avait trouvé un curieux coffret, qui appartint plus tard au Duc de Blacas.

Ce coffret fut qualifié parfois d'objet ayant appartenu aux Templiers qui vivaient dans la région..En réalité ce coffret devrait plutôt, vu les signes cabalistiques qui le recouvrent , avoir appartenu à un alchimiste.

Il se trouve actuellement au British Muséum de Londres.Une copie se trouve  au Musée de Châtillon sur Seine.

Victorine de Chastenay

 Voici un extrait d'une lettre écrite par Victorine, au sujet de ce coffret :

"Le coffret dont vous vous occupez a été acheté à Dijon, chez un marchand de curiosités, par M. Rollin, changeur à Paris, et a été vendu ensuite par ce dernier à M. le duc de Blacas. Le coffret portait pour toute inscription: "Trouvé dans la terre de la Cave, appartenant à M. le marquis de Chastenay." Vous savez, monsieur, quel est à Essarois le lieu qu’on nomme la Cave : c’est là qu’ont été recueillis les débris de sculpture que vous avez examinés. On peut bien croire qu’à l’édifice païen dont nous avons retrouvé les fragments et constaté la place, ont, après neuf ou dix siècles, succédé des constructions possédées par les Templiers. Voulaine, Bure étaient à eux; ils ont eu à Courban des propriétés. Je trouve dans nos papiers de famille les traces des ventes ou échanges avec les Templiers dans ces diverses contrées. C’est au commencement de 1789 que mon père chargea des ouvriers, employés déjà par les chartreux de Lugny, de quelques travaux à Essarois; c’était à la contrée de la Cave qu’ils devaient trouver les pierres dont ils avaient besoin. J’ai su depuis qu’ils avaient tiré des fouilles qu’ils y avaient faites quelques objets qui parurent sans aucun prix, et sans doute le coffret en aura fait partie. Continuez, monsieur, vos travaux et vos recherches; vous avez certainement une grande page d’histoire à créer."

Victorine de Chastenay

(Ci-dessus l'acte notarial de succession)

Victorine de Chastenay-Lanty finit ses jours à Essarois .

Elle était nommée la "bonne Dame d'Essarois" , car elle faisait le bien autour d'elle.

Mais c'est à Châtillon sur Seine qu'elle mourut, en 1855, à l'âge respectable , pour l'époque , de 84 ans..

Elle légua ses biens à ses cousines, et attribua une rente perpétuelle de 300francs (or !) aux vieillards et aux enfants d'Essarois.

Elle donna aussi à la Commune d'Essarois  un terrain où se trouve actuellement la Mairie, la Municipalité a d'ailleurs appelé une de ses salles "salle Victorine de Chastenay".

Elle , et ses parents, sont enterrés dans une petite chapelle de l'église d'Essarois, voici sa plaque funéraire :

Victorine de Chastenay

Au dessus de la plaque on peut voir les très belles armes des Chastenay-Lanty :

D'argent à un coq de sinople,couronné,crêté, becqué, barbé et membré de gueules, ayant la patte droite levée, accompagné de trois roses de même, deux en chef, une en pointe.

Victorine de Chastenay

Pour terminer, Jenry m'envoie une chronique qu'il avait écrite pour notre journal local, vous pourrez la lire en cliquant sur le lien :

Victorine de Chastenay, une chronique de Jenry Camus

Publié dans chastenay, essarois, fut, pere, victorine

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L'Eglise d'Essarois...

Publié le par Christaldesaintmarc

J'ai eu une pensée émue pour Victorine de Chastenay en photographiant sa pierre tombale...

Elle qui a tant oeuvré pour Essarois et l'éducation des petits habitants du village...

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L'Eglise d'Essarois...

Publié le par Christaldesaintmarc

Au dessus des dalles funéraires des de Chastenay,un tableau énigmatique...

Peut-être les armes des De Chastenay ,seigneurs du lieu ?

Jenry Camus et Maripol ,qui aiment tant leur village, pourraient sans doute me renseigner !

Et bien c'est Michel Diey qui me donne la réponse avec sa grande érudition en héraldique !

Ce blason est celui de la famille Chastenay-Lanty. Il se lit en termes héraldiques : D'argent à un coq de sinople (vert), couronné, becqué, barbé et membré de gueules (rouge), le pied dextre levé, accompagné de trois roses de gueules, deux en chef et une en pointe.

Mémoire,érudition,on peut tout demander à Michel Diey,il sait TOUT sur tout !

Bravo et merci !

Publié dans chastenay, diey, eglise, gueules, michel

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Le château d'Essarois...

Publié le par Christaldesaintmarc


Après avoir visité l'exposition des peintures de Maripol, je ne pouvais passer sous silence le château d'Essarois...

C'est un petit château Louis XIV ème,construit par les de Chastenay.

On ne peut le visiter,mais on peut admirer son joli porche,que Maripol a d'ailleurs si bien représenté sur un de ses tableaux...

Ce fut vraiment une jolie après-midi dans ce charmant village...

Jenry Camus me donne une précision fort importante :

Le château d'Essarois a été construit sous Henri IV par un bourgeois de Châtillon, un dénommmé Gaillard. La famille Chastenay l'a acquis ensuite.



J'avais trouvé les renseignements dans le livre d'André Guillaume,"la Côte d'Or,guide du touriste,de l'archéologue et du naturaliste".

Mais il vaut mieux s'en référer aux habitants d'Essarois qui connaissent mieux que quiconque leur patrimoine ,merci Jenry Camus !
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Les rues de Châtillon sur Seine :la rue de Chastenay...

Publié le par Christaldesaintmarc

Les rues de Châtillon sur Seine :la rue de Chastenay...

Une partie de cette rue s'appelait rue des Cordeliers, l'autre rue ou place Maubert.

La Révolution en fit la rue de la Sûreté, la place de la Raison et la rue Guillaume Tell.

Elle redevint la rue Maubert depuis la rue des Cordeliers jusqu'à la porte de Roche (démolie après 1940).

Par l'arrêté du 21 janvier 1865 la partie basse fut appelée rue du Congrès, la partie de la rue des Avocats à la rue des Cordeliers devint la rue de Chastenay.

Victorine de Chastenay méritait mieux ,à mon avis ,que cette petite rue qui porte son nom...

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Une intellectuelle Châtillonnaise:Victorine de Chastenay

Publié le par Christaldesaintmarc

Une intellectuelle Châtillonnaise:Victorine de Chastenay

La maison à Châtillon sur Seine où elle mourut...

Elle ne réalisa pas la prophétie de Bernardin de Saint-Pierre, qui avait vu en elle un futur grand écrivain.

Après la publication de De l’Asie, elle rentra dans l’ombre et, de plus en plus souvent, vécut en province, à Châtillon ou à Essarois,et ne fit plus que de brefs séjours dans la capitale.
Elle se consacra à l’entretien et à l’amélioration des propriétés familiales et aux bonnes oeuvres, laissant dans la région le souvenir de son inépuisable charité.

C’est au point qu’elle se vit peu à peu oubliée et que certaines notices biographiques la disent décédée peu après le retour des Bourbons.

C’est qu’elle eut des malheurs, et que les quarante dernières années de sa vie ne lui ménagèrent pas les difficultés. Elle perdit son père , sa mère , son frère , demeurant ainsi la dernière de sa famille.

Pis encore, elle commença à perdre la vue .

La musique, la lecture, l’écriture lui furent bientôt interdites.

Elle continua pourtant à noircir des centaines de pages, souvent illisibles, quand elles ne furent pas recopiées vaille que vaille par un ami. Elle se décida à subir la pénible opération de la cataracte, qui lui valut de vivre quelques mois dans une obscurité absolue, mais lui permit de recouvrer l’usage d’un oeil.

Deux ans plus tard, elle songea à une seconde opération, mais les médecins la lui déconseillèrent, un échec risquant d’affecter l’oeil déjà traité et il lui fallut se résigner à vivre dans un clair-obscur qui dura jusqu’à sa fin.

En dépit de ces difficultés, elle poursuivit la rédaction de la seconde partie de ses mémoires, demeurée inédite, et d’un journal où elle suit jour par jour les événements politiques.

Vieillissante, elle a perdu les illusions libérales de sa
jeunesse, redoute maintenant la montée des socialismes. Elle a vu s’effondrer la dynastie des Bourbons, puis le règne de Louis-Philippe. La révolution de 1848 la remplit d’effroi : elle y voit l’amorce d’une désastreuse anarchie, encouragée par des hommes ambitieux dont elle dénonce la trahison ou l’arrivisme. Lamartine qui avait salué en vers le sacre de Charles X, lui semble devenu un dangereux démagogue.

Elle s’indigna du discours où le poète annonce bruyamment
son virage à gauche et son passage à l’opposition :

Le mal que produira ce discours n’est pas dans ce qui a été dit, mais en cela qu’il a été dit, en cela que M. de Lamartine, le grand poète, le grand homme du siècle,
l’honnête homme par excellence, s’est vu forcé de déclarer que le patriotisme et les lumières n’étaient que dans l’opposition ; que l’empire et la restauration n’avaient croulé que faute d’y prendre leurs conseils, et que le régime actuel allait avoir le même sort.

Émule de M. de Lamennais, M. de Lamartine nous montre une démocratie
croissante comme l’arrêt du destin, comme le programme, comme le devoir de la révolution de Juillet. Il nous montre, non comme une menace, mais comme belle, une révolution terrible, où toute aristocratie doive être anéantie, où tous les intérêts, où toutes les jouissances de la vie sont étouffés. Mais alors, je le demande, où serait
la liberté ? Car la société n’a d’autres fins que la conservation des intérêts privés de ceux qui la composent – l’intérêt général, c’est cette conservation.

M. de Lamartine n’a pas songé à quel point il avait fait l’apologie du terrorisme.
L’avenir selon Lamartine, c’est à ses yeux l’avènement d’une utopie totalitaire qui épouvante celle qui a vécu la grande Révolution et ses débordements sanglants.

Hugo, qui lui aussi se mêle de politique, n’est pas mieux traité. Ses oeuvres, son théâtre surtout, ont corrompu une jeunesse exaltée. Elle note :

« M. Victor Hugo aspire ouvertement à la survivance de M. Ledru-Rollin. Il ne
l’obtiendra pas, car il n’est qu’un acteur qui parle sur des planches. On l’honore du
titre de poète. On a tort, il n’a point de verve. On a prétendu que Napoléon aurait
fait de Corneille un ministre. Je crois qu’il eût été surpris de voir combien
l’élévation du génie, à l’appel de l’imagination, est de l’élévation d’âme, ou de
pensée, qui doit planer au-dessus de la sphère d’action. […] Je n’approche
d’aucune manière Corneille de M. Victor Hugo. Le théâtre de M. Victor Hugo
est, d’un bout à l’autre, détestable. Les moeurs, les goûts, les sentiments, la
versification même, tout y est perverti, corrompu, faux enfin, et ainsi odieux. Il a
tout abaissé ; il n’est aujourd’hui qu’un courtisan de la Montagne. »

On ne s’étonnera donc pas de la voir saluer comme un bienfait l’arrivée de
Louis-Napoléon Bonaparte à une présidence qui n’était pour lui qu’un marchepied
vers l’empire. Elle dit à propos de l’élection présidentielle au suffrage universel :

« On veut Napoléon, parce que ce nom a été grand pour la
France, et que la France a été grande avec celui qui le portait. Le nom de
Napoléon était sur les chapeaux. On a même entendu crier vive l’empereur. Les
campagnes ne veulent point de république. […] Les campagnes n’ont point voté
contre le général Cavaignac, elles ont voté pour Napoléon et l’empire. »

Elle le voit comme un rempart contre la montée d’une gauche niveleuse dont elle dit :

« Je considère les meneurs socialistes comme des traîtres à leur pays. » Puis elle écrit :

« Que d’événements en si peu de jours ! Mais ne craignons point de le dire, l’ordre social entier était bloqué par le socialisme et la plus désastreuse anarchie. Le complot existait. »

Elle vivra pourtant assez longtemps pour prévoir que l’empire à son tour ne répondrait pas à ses voeux. Du fond de sa province, elle suit avec anxiété les péripéties de la guerre de Crimée, où l’Angleterre, l’ennemie héréditaire qu’elle déteste, lui paraît avoir entraîné la France.

Elle lui consacrera les dernière lignes de son journal:


« On ne peut comprendre une guerre sans but et sans objet. La mer Noire détruit
nos vaisseaux. Chaque jour, il faut y envoyer des milliers d’hommes. »


Victorine de Chastenay, qui avait eu son heure de gloire dans les salons du
Directoire, du Consulat, de l’Empire et de la Restauration, s’éteignit, oubliée, à
Châtillon sur Seine.

Elle avait depuis longtemps renoncé à ses rêves de réussite
sociale et littéraire, se bornant à faire la charité autour d’elle et heureuse d’être
pour les paysans la bonne dame d’Essarois.

C’est pourquoi elle souhaitait que l’on grava seulement sur sa tombe : Transiit bene faciendo — elle a passé en faisant le bien.


[Copyright Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

Auteur que je remercie :Raymond Trousson, Une mémorialiste oubliée : Victorine de Chastenay ]

Marmont,Carco,Nisard et Cailletet ont donné leurs noms à des Ecoles de la ville de Châtillon...
Quel dommage que l'on ait pas pensé à cette si charmante Victorine de Chastenay,pour nommer une école Maternelle par exemple...
Elle aurait pourtant bien mérité cet honneur posthume que je me suis permis de lui rendre,avec l'aide précieuse de Raymond Trousson....

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une intellectuelle Châtillonnaise sous la Révolution...

Publié le par Christaldesaintmarc

 

Une mémorialiste oubliée :Victorine de Chastenay


«Blanche et assez bien faite, les cheveux bruns, les dents belles, les yeux bleus, le
regard assez doux, l’expression de la physionomie a fait — plus que les traits — le
mérite de ma figure. Je crois qu’elle annonce plus de bonté que d’esprit et j’avoue
que je m’en applaudis.»

Celle qui se décrit en ces termes, à l’âge de dix-huit ans, se nommait Louise-
Marie-Victoire de Chastenay, que l’on appela toujours Victorine, née à Essarois

. Elle était de petite noblesse, mais fort ancienne : on trouve mention
d’un chevalier Jean de Chastenay et un Chastenay était compagnon de
saint Louis à Tunis. Famille ancienne, mais assez peu fortunée, quoique
propriétaire du château et domaine d’Essarois, en Côte d’Or, à une vingtaine de
kilomètres de Châtillon-sur-Seine, qui comprenait, outre le château et le parc, la
forge, le moulin, les fermes du village, huit cents hectares de bois et les droits
seigneuriaux. Le père de Victorine, Érard-Louis-Guy, comte de Chastenay-
Lanty, inscrit dès sa naissance dans l’ordre de Malte, avait été
mousquetaire, puis sous-lieutenant au régiment de Bauffremont, et il épousa
la fille du marquis d’Herbouville, Catherine-Louise, originaire de
Normandie, qui lui donna deux enfants : Victorine et Henri-Louis, qui
entra très jeune dans les gardes du corps et fut sous-lieutenant dans la garde
constitutionnelle de Louis XVI. Officier des chevau-légers de la garde sous Louis
XVIII, puis maréchal de camp, il prendra part à l’expédition d’Espagne et,
pair de France sous Louis-Philippe, siégea jusqu’à sa mort, à la Chambre
haute.

Comme Mme de Condorcet, Lucile de Chateaubriand ou Mme de Genlis,
Victorine fut destinée à recueillir la succession d’une abbesse et à bénéficier d’une
prébende.Preuve faite de huit quartiers de noblesse d’épée, tant
du côté maternel que paternel, elle fut reçue au chapitre noble d’Épinal, situation
qui ne lui interdisait pas de se marier et l’autorisait, à quatorze ans, à se faire
appeler Madame.

La jeune fille fut moins impressionnée par la réception officielle,
pourtant solennelle, que par le bal qui suivit :

« La cérémonie, dit-elle, me fit pleurer parce que maman y pleura ; mais la danse me consola bien vite. J’étais pourle coup l’objet principal et de droit ; j’avais des succès au bal, pour la première foispeut-être, car je n’ai jamais ni très bien, ni très mal dansé. »

Du reste, sa carrière d’abbesse devait tourner court : l’Assemblée nationale décréta la mise à la disposition de la nation de tous les biens ecclésiastiques et le chapitred’Épinal cessa d’exister.

Demeurée dans sa famille, Victorine y reçut une instruction très supérieure à
celle des jeunes filles de son époque : rien ne fut épargné pour faire d’elle une
jeune femme accomplie et rompue aux usages du monde, mais aussi une
intellectuelle, et l’on prit soin de la frotter de grammaire, de mathématiques, de
géométrie, d’algèbre, de sciences physiques et naturelles, de mythologie, de
géographie, de latin, d’allemand, d’anglais, d’espagnol, d’italien, de musique, sans
négliger le dessin ni la danse. À dix ans, elle lisait les Hommes illustres de
Plutarque, l’Histoire d’Angleterre du P. d’Orléans et les Révolutions romaines de
Vertot et, à dix-huit, se passionnait pour Jean-Jacques et Bernardin de Saint-
Pierre :

« Un désert et un mari bien épris me semblaient le comble de la félicité. Je
lus alors La Chaumière indienne, et je versai bien des larmes. »


Elle a tôt pris dans les Rêveries du promeneur solitaire la passion de la botanique qui lui inspirera les trois volumes d’un Calendrier de Flore, qu’apprécièrent Mme de Genlis,
Grétry, l’abbé Delille et l’illustre auteur des Études de la nature, « beau vieillard
dont les cheveux blancs tombaient en flocons soyeux sur ses larges épaules » et qui
lui prédit une belle carrière. Bonne musicienne — elle eut pour maître Séjan,
organiste de Notre-Dame de Paris — Victorine eut aussi la chance d’être l’élève,
avec son frère, de Mme de Genlis, gouvernante des enfants d’Orléans, dont elle
suivit les leçons à Bellechasse aux côtés du duc de Chartres, le futur Louis-
Philippe, et de sa soeur, Mme Adélaïde, du duc de Montpensier et du comte de
Beaujolais.

Ce sont des jours heureux dans une famille unie, charitable et très aimée dans
le pays. On y vit avec une simplicité qui rapproche les aristocrates des bourgeois et
surtout des paysans et rappelle certains tableaux idylliques de La Nouvelle Héloïse
et les bergeries de Florian :

« Mes parents toujours bienfaisants, se livrèrent à leur penchant avec une charité
tendre, une grâce que rien n’avait encore attristée, avec une prodigalité qui semble la
fleur du bienfait. Rien n’était plus joli que les bals du dimanche. On dansait depuis
vêpres, dans une cour sans muraille, bordée de peupliers et de pommiers à cidre. Un
ménétrier et son fils que l’on appelait Rabâche, s’établissaient sur des tonneaux. On
venait de tous les villages voisins et les costumes picards, pour les femmes surtout,
ont réellement de l’élégance. Tous les gens de la maison dansaient et parmi eux se
trouvaient de beaux danseurs. Mon père, ma mère, nous deux mon frère, tous les
habitants de la maison, nous dansions tous du meilleur coeur et je parierais que la
coquetterie trouva moyen de se glisser entre les jolies paysannes et les beaux
messieurs du château . »

Ces temps heureux n’avaient plus longtemps à durer. La Révolution était
proche. M. de Chastenay était noble, mais libéral, lecteur de Rousseau, de
Voltaire et de Montesquieu, épris de réformes raisonnables. Élu député de son
bailliage aux États généraux, il est partisan du vote par tête et se rend en mai ,
accompagné des siens, à la séance d’ouverture à Versailles. « Nous partîmes pour
Paris, dit Victorine, avec ce sentiment de confiante gaieté qui attend d’heureuses
nouveautés, mais qui les attend comme le résultat du bien et du mieux connus, et
ne prévoit que des discussions sereines, comme celles qui précèdent quelquefois
une transaction de famille. […] Moi, je l’avoue, j’étais dans le délire » .
Ce n’était pas l’opinion de tout le monde et la mère de Victorine, loin de partager
celles de son mari, faisait fréquenter à sa fille les milieux les plus réactionnaires où
elle s’ennuie ferme :

« Je n’ai rien trouvé de si ennuyeux que ces soirées qu’on me faisait passer au milieu debégueules respectables chez qui je ne trouvais rien pour l’esprit, pour la raison, ou
pour le coeur. Dans ces maisons, dans quelques autres du même genre, j’étais, à
cause de mes principes surtout, un objet de pitié haineuse. Je me souviens que
M. Dubut, créole, et renommé pour son esprit, me dit un jour qu’une femme fille,
avec des notions d’indépendance, ne pouvait se comparer qu’à un âne sauvage. Voilà
la galanterie la plus remarquable que j’aie reçue dans ce monde, où maman se croyait
obligée de me faire paraître à peu près tous les jours "
.
Elle ne tarde donc pas à déchanter. La belle unanimité du début dégénère, le
clergé s’oppose au tiers état, la noblesse se divise, la royauté chancelle. En
octobre, la marche des Parisiens sur Versailles contraint la famille royale à venir
résider aux Tuileries et la Révolution prend une tournure inquiétante.
Comme tant d’autres, les Chastenay sont déçus et terrifiés par les événements. On crutdonc prudent de quitter Paris pour se réfugier près de Rouen, chez la
soeur de la comtesse de Chastenay, mais en août –septembre, les » massacres de septembre » forcent bientôt la famille à se cacher dans une ancienne abbaye où l’on mène unevie de reclus. La mère, fragile et toujours souffrante, garde le lit, le père, vêtu d’unecarmagnole, va aux nouvelles, le frère et la soeur lisent, dessinent,jouissent du calme de la campagne, non sans redouter à chaque instant l’irruption de la violencerévolutionnaire :

« Il faut avoir passé par cette inconcevable époque pour soupçonner encore ce qu’on
pouvait sentir. On ne se faisait point illusion ; nous nous disions, mon frère et moi,
en parcourant un soir ces délicieux vallons, qu’avant six mois nous aurions tous passé
sous le fer de la Révolution. Cependant ces fleurs nous charmaient ; nous
dessinions, nous faisions de la musique, nous lisions des romans ; nous avions des
moments de plaisir et à de violentes émotions subites succédaient, tous les jours, à
ces mouvements de joie qui sont presque de l’espérance « .

En avril 1790, les nobles se trouvant interdits de séjour à Paris et dans les
villes maritimes, les Chastenay se réfugient à Châtillon, en Bourgogne, pour y
apprendre que, faute d’un certificat de résidence parvenu dans les délais, le comte
est inscrit sur la liste des émigrés et qu’il a été dénoncé comme ennemi de la
Révolution. Avec son fils, il tente de gagner la Suisse par les bois. En représailles,
Mme de Chastenay, quasi mourante, est internée à l’hôpital, sa fille menée en
prison. Chastenay, arrêté à son tour, est transféré à la sinistre
Conciergerie.
C’est de cette prison que sortiront, pour monter à l’échafaud,Mme de Noailles, sa fille et sa petite-fille, suivies par André Chénier.

Son père en danger, c’est Victorine, la personnalité forte de la famille, qui se
démène pour le sauver. Courageusement, elle écrit lettre sur lettre, rencontre tous
ceux qu’elle croit susceptibles de lui venir en aide, court les bureaux et multiplie les
suppliques. Ses efforts seraient sans doute demeurés vains si Thermidor
n’avait désarmé l’impitoyable Fouquier-Tinville.

Le citoyen Chastenay passa en jugement devant le tribunal révolutionnaire, où son avocat fit valoir le dévouement de sa fille et les témoignages des villageois sur son inépuisable bienfaisance. En septembre, il fut acquitté.

L’avocat qui avait plaidé sa cause était un ancien conventionnel, Pierre-
François Réal, procureur au Châtelet à la veille de la Révolution, ancien jacobin
qui conservera jusque sous l’Empire une réputation excessive de terroriste. Par la
suite homme de Barras, chargé de l’instruction du complot royaliste de Pichegru,
soutien de Bonaparte le 18 Brumaire mais toujours éclipsé par Fouché à la
direction de la police, il n’a pas laissé de trop bons souvenirs. Chargé de
l’enquête sur la conspiration de Cadoudal, Pichegru et Moreau, on le soupçonna
d’avoir fait étrangler Pichegru dans sa cellule et, la même année, d’avoir feint un
profond sommeil pour ne pas obéir à l’ordre qui lui enjoignait de présider à
l’interrogatoire du duc d’Enghien fusillé à la sauvette dans les fossés de Vincennes.

Fait comte et doté par l’Empereur, à nouveau préfet de police pendant les Cent-
Jours, proscrit par Fouché, il s’exilera aux États-Unis, ne revint en France que plus tard
et y mourut sept ans plus tard.

Tel était l’homme auprès duquel Victorine avait trouvé appui et dont elle laisse un portrait bien différent, inspiré certes par lareconnaissance, mais sans doute aussi par un sentiment plus vif.

« je me voyais l’objet d’une passion brûlante ; celui qui l’éprouvait avait auprès
de moi tous les droits. Réal avait été le défenseur de mon père au tribunal
révolutionnaire, sauveur de la fortune de mon frère et de celle de toute ma
nouvelle famille [celle de sa belle-soeur], je lui devais tout, et ma tendre et
profonde amitié lui rendait tout ce qu’il était permis à mon coeur d’éprouver. » À
l’en croire — elle demeure très discrète sur ce chapitre — « l’or pur de l’amitié est
seul resté intact »

mais elle fut probablement sa maîtresse.

Hélas, Réal était marié,avait des enfants — Victorine deviendra du reste l’amie de sa fille — et rien n’était possible entre eux. Ils échangèrent une abondante correspondance, détruite, mais quelque chose en subsiste dans Le Calendrier de Flore. Dans cet ouvrage, Victorine écrit à une amie, Fanny, qui dissimule Réal et fait passer sous ce déguisement de tendres propos.

Au fait, n’avait-elle pas des prétendants ? Si fait, et même plusieurs, mais la
demoiselle était difficile à placer :

« J’étais une simple enfant, mais enfant à grands
principes, je croyais qu’il y allait de la gloire d’une femme accomplie de subjuguer
toujours et de ne céder jamais. L’un me semblait naturel et l’autre fort aisé »
.
Une possibilité s’était offerte avec un voisin des Chastenay, Auguste de Marmont,
futur maréchal de France et duc de Raguse, mais M. de Chastenay jugea de trop
petite extraction ce traîneur de sabre ami d’un Bonaparte encore obscur.
Un autre
candidat s’était présenté en la personne de M. de Sérent, fils du précepteur desenfants du comte d’Artois, union qui aurait pu valoir à Victorine un poste auprès
de Mme Élisabeth, soeur de Louis XVI, mais deux obstacles s’élevèrent.
Le premier,dit-elle, est « une exaltation presque républicaine qui soutint ma raison » et laretint de se lier par une charge ; le second est plus terre à terre, mais sans doute
plus déterminant : le fiancé exigeait qu’elle apportât quinze mille livres de rentes.

Puis se présenta M. de Croix, député de la noblesse d’Artois, mais les événements
révolutionnaires firent bientôt avorter le projet. Vinrent ensuite Fortuné de
Chabrillan, dont la famille maquignonna, et M. de Souza, ambassadeur de
Portugal, âgé de soixante-six ans, dont le décès subit la préserva. Un moment,
Victorine se sentit un penchant pour un tout jeune homme, Auguste de Damas,
qui, au sortir d’un théâtre où l’on jouait L’Amoureux de quinze ans, lui baisa
furtivement la main. Hélas, ce charmant garçon, blond et candide, acheva à vingt deuxans sa brève carrière sur l’échafaud. Comme on lui savait des relations dans des milieux influents, on proposa encore à Victorine le vicomte Dauvet, riche
parti, à condition qu’elle obtînt son retour d’émigration, condition peu romanesque qu’elle déclina. Les deux derniers aspirants sont plus originaux. L’un
était le fils du trop célèbre marquis de Sade, qui lui demanda sa main au cours
d’une promenade aux Tuileries.
Outre qu’elle n’éprouvait rien pour lui, elle ne put s’empêcher aussi

« de réfléchir sur le risque effrayant de donner jamais le jour au petit-fils de l’homme phénomène qu’il fallut peu après enfermer à Charenton »

Le dernier de la série fut le maréchal Kellermann, le héros de Valmy, qui l’accabla « de toutes les galanteries allemandes que son âge devait autoriser ». Le héros avait soixante-dix-sept ans. Cela ne retint pas la famille de Victorine de pousser à la roue. Kellermann était riche, bien vu par lerégime. M. de Chastenay souhaitait entrer au Sénat, Mme de Chastenay souhaitait davantage d’aisance, Henri de Chastenay souhaitait obtenir un emploi.

Victorine fut sur le point d’accepter, pour rendre service aux siens. On disputa beaucoup sur le contrat, les enfants du maréchal se montrant très hostiles à cette union et faisant courir des « calomnies » — sa liaison avec Réal ? — qui dégoûtèrent définitivement leur future belle-mère et l’on en resta là.

Le regretta-t-elle ? « Ma passion ardente pour mes parents et le besoin de leur tout sacrifier étaient le mobile de toutes mes vues à venir ; l’étude d’ailleurs, dont le goût était en moi sivif, me permettait peu d’égarer ma pensée. »

Mme de Chastenay mourut vieille fille.

Il est vrai que l’intellectuelle semble l’avoir emporté chez elle sur la femme
soucieuse de séduire.

Elle s’était mise à traduire Pétrarque et les poètes anglais. Cette année-là, elle publia une traduction duVillage abandonné de Goldsmith, que Réal fit imprimer, et surtout une traductiondes Mystères d’Udolphe d’Anne Radcliffe, qui furent réédités six fois
et Marie-Joseph Chénier la félicita de n’avoir « pas affaibli les sombres beautés »
du roman. Belle réussite en effet, puisque, révisée, elle servit encore de base à la
réédition du roman en par Amédée de Bast, reprise Maurice Lévy.

Puis c’est l’érudite qui se révèle dans les quatre volumes plus ambitieux Du génie des peuples anciens, ou tableau historique et littéraire du développement de l’esprit humain chez les peuples anciens, depuis les premiers temps connus jusqu’au commencement de l’ère chrétienne, vaste compilation dans la ligne de la célèbre Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain de Condorcet, au sujet de laquelle Dussault et Suard se montrèrent réservés, jugeant un tel travail au-dessus des forces d’une jeune femme. Suivront encore, une étude sur Les Chevaliers normands en Sicile, puis, De l’Asie, ou considérations religieuses,philosophiques et littéraires sur l’Asie, ouvrage dédié au grand orientaliste Silvestre de Sacy.

Bas-bleu ? Sans doute un peu, mais qui sut gagner l’estime de savants
comme Arago, qui lui fit un cours d’astronomie, ou de Cuvier et de Humboldt,
dont elle suivit les leçons.

Passé la Révolution et le Directoire, Paris semblait renaître, les fêtes et les
bals se multipliaient, la vie mondaine reprenait comme si chacun s’empressait
d’oublier les années sombres. Victorine, bien introduite par Réal, prit sa part de ce
renouveau et, sous le Consulat et l’Empire, on la vit un peu partout : « Les jeunes
gens faisaient couper leurs cheveux à la Titus ; les femmes les bouclaient d’après
les bustes antiques. Une mousseline légère avec un noeud de ruban composait une
parure exquise, et il n’y avait que de vieilles femmes très maussades qui
regrettassent la poudre, les poches et les soulier à grands talons » .

Un homme surtout, qu’elle avait connu en des temps où sa fortune était moins
brillante, voyait alors monter son étoile.

Publié dans bien, chastenay, famille, mme, victorine

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