
Le médicament jusqu’à aujourd’hui
Des plantes médicinales aux gélules et aux OGM
Madame Annie JACQUIN, Professeur émérite de la faculté de Pharmacie de l’Université de Picardie-Jules Verne, invitée par madame Simon, présidente de l'Association Culturelle Châtillonnaise, est venue nous faire un exposé très intéressant sur l'évolution du médicament depuis l'antiquité jusqu'à nos jours.


Annie Jacquin , en préambule à sa conférence, nous demanda malicieusement pourquoi nous étions venus aussi nombreux ! sans doute parce que les médicaments nous intéressent, mais savez vous que pendant toute l'année 2010, chaque personne, en France, a utilisé 48 boîtes de médicaments, ce qui fait une boîte par semaine !..C'est quand même un peu trop ...
La population est plus intéressée qu'autrefois par le médicament, car il y a eu l'émergence de scandales qui l'ont effrayée, par exemple celui lié au Médiator.
Pourtant le médicament est utile, indispensable...mais il est aussi dangereux.

Le plan de sa conférence fut projeté sur écran, ce qui permit de bien comprendre le sujet, qui est tout de même ardu...


Quelques détails donnés par Annie Jacquin, que j'ai glanés et notés après la projection de chaque diapositive:
Hippocrate a inventé l'homéopathie et ...les suppositoires ! Dioscoride invoquait Panacée, déesse grecque qui prodiguait aux hommes des remèdes par les plantes.
Du VIème au XIIème siècles certaines plantes étaient considérées comme magiques (belladone, mandragore).
Paracelse avait pressenti que dans les plantes se trouvaient des principes actifs (PA) qui seront isolés au XIXème siècle.
A XIXème siècle, on composa des mélanges (antitussifs, antidiarrhéiques).En 1804 on isola le PA de la morphine, ce sera la naissance de la pharmacologie, on recherchera les PA chimiques à la place de ceux des plantes.
Annie Jacquin nous explique par le schema ci-dessous le principe de la recherche des Organismes génétiquement modifiés (OGM)

Des médicaments tirés de ces OGM seront utiles pour soigner des maladies très graves, comme celles qu'indique le tableau suivant:

Il y a bien des façons d'absorber des médicaments...


Comment trouve-t-on de nouveaux médicaments ?
On connaissait autrefois des remèdes par empirisme, on les appelait des "remèdes de bonne femme".
Les effets des plantes sur la santé sont étudiés de nouveau, quelquefois leur PA est différent de celui que l'on croyait: la pervenche réputée astringente et antilaiteuse contient en réalité un alcaloïde qui traite les pertes de mémoire.
On recherche dans le monde entier des plantes qui ont de bonnes propriétés, c'est l'ethnopharmacognosie...La pervenche de Madagascar était réputée agir sur le diabète, c'est faux, mais on a découvert qu'elle pouvait traiter la leucémie en rendant les globules blancs moins nombreux.
La chimiotaxonomie indique si les espèces possèdent un potentiel thérapeutique intéressant grâce aux substances qu'elles synthétisent.
Les récepteurs sont capables de reconnaître une molécule: en étudiant les effets de la morphine sur l'organisme (utilisée depuis très longtemps pour lutter contre la douleur), on s'est aperçu que notre corps fabriquait naturellement des molécules voisines de la morphine que l'on appelle des "endorphines". Ce sont ces endorphines qui nous permettent de surmonter une douleur courante comme celle d'une coupure par exemple.
Et puis il y a le hasard: la plus belle preuve c'est la découverte, par Fleming, de la pénicilline , un hasard qui a permis de sauver des milliers de vies humaines..
Hélas, les antibiotiques nous dit notre conférencière, vont bientôt ne plus être efficaces, il faudra absolument qu'un nouveau Flemming découvre d'autres molécules qui pourront agir aussi bien, ce n'est pas gagné....

La fabrication des médicaments est longue, coûteuse, c'est pourquoi les laboratoires déposent des brevets de 20 ans pour avoir les moyens d'effectuer d'autres recherches.
Les essais précliniques se font sur des animaux, on observe les risques cancérigènes et mutagènes, puis les essais cliniques se font sur l'homme, tout en vérifiant l'effet des PA sur des ethnies différentes (asiatiques, européens, noirs), les réactions n'étant parfois pas les mêmes.
On utilise aussi des expériences en "double aveugle": vraies molécules pour les uns, placébos pour les autres...

Ci-dessous les médicaments qui sont interdits, et à la fin de la liste ceux qui le seront certainement bientôt...

En conclusion Annie Jacquin nous rappela que le médicament est un remède, mais qu'il est aussi un poison, c'est donc son effet bénéfique qui doit dominer. N'en consommer que juste ce qu'il faut.
La recherche se poursuit pour que les effets secondaires des médicaments soient moins importants.
Il faudra aussi réduire leur prix pour qu'ils soient accessibles à tous.

Annie Jacquin répondit avec une grande gentillesse, à la fin de son brillant exposé, aux nombreuses questions du public sur les tisanes, les compléments alimentaires, les génériques...Elle nous donna aussi des conseils sur notre alimentation quotidienne..Par exemple ne pas consommer plus de 1 gramme de viande par kilo corporel, par jour....Bien des maladies pourraient être évitées si notre régime alimentaire était correct
Hippocrate ne disait-il pas :
Que ton aliment soit ta seule médecine
(Un grand merci à Robert Fries pour m'avoir envoyé le double des diapositives que madame Jacquin a utilisées pour réaliser son exposé)