Publié le 20 Février 2025

Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 19 Février 2025

 

 

Marie-Agnès Noret nous informe que les premiers prix de la 15ème édition de My French Film Festival ont été dévoilés, et surtout qui a remporté le Grand Prix !

 Le Grand Prix du Jury international 

 

Décerné par l’actrice, productrice et réalisatrice franco-iranienne Zar Amir, l’acteur et réalisateur américano-danois Viggo Mortensen, l’actrice et réalisatrice française Noémie Merlant, le réalisateur, scénariste et producteur suédois Tarik Saleh, et le réalisateur et scénariste russe Andrey Zvyaguintsev, le Grand Prix de la 15e édition de MyFrenchFilmFestival récompense

 L’Homme d’argile d'Anaïs Tellenne

 produit par Koro Films et vendu par Be For Films. Ce prix est doté de 15 000 €, répartis à parts égales entre le réalisateur, le producteur et le vendeur international du film.  

 

« Nous décernons à l’unanimité le Grand Prix à L’Homme d’argiled’Anaïs Tellenne. Ce film s’impose comme une œuvre originale et captivante. Grâce à sa forme cinématographique singulière et riche, le film évoque la beauté et le merveilleux d’un conte de fées moderne. Nous avons été particulièrement émus par l’authenticité de sa mise en scène, ancrée dans le réalisme des décors et des comportements humains. 

  

Le personnage de Raphaël, interprété par Raphaël Thiéry, que l’on voit passer d’un être timide et introverti à une muse assumée et consciente de soi, incarne magnifiquement ce voyage de transformation à la fois intime et universel.  

  

L’Homme d’argile est un poème qui arrive à l’improviste et qui reste dans le cœur comme une chanson. »  

 

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 18 Février 2025

Quelle ne fut pas ma surprise en parcourant la rue Docteur Robert de Châtillon-sur-Seine, de voir une plaque posée au dessus de la porte du Numéro 81.

Ce nom m'était familier....et je me suis souvenue d'une agréable soirée où Catherine Monnet, alors Conservatrice, avait  fait connaître aux participants de la première "soirée bulles"  organisée au Musée du Pays Châtillonnais, un tableau qu'elle avait découvert dans les réserves du musée.

Ce tableau plein d'humour nous montrant un homme avec une bouteille de vin qu'il appelle "sa bonne amie", est l'œuvre d'un peintre d'origine châtillonnaise, hélas bien oublié aujourd'hui dans notre région, Auguste Petit.

Dans les réserves du musée, Catherine Monnet a aussi trouvé ce tableau d'Auguste Petit représentant l'académicien Désiré Nisard, gloire châtillonnaise.

Cette œuvre, Auguste Petit la réalisa dans son pays d'adoption, le Brésil, certainement d'après  la couverture de l'Illustration du 31 mars 1888. 

Dans les réserves du musée, madame la Conservatrice a découvert également un buste en bronze qui serait un auto-portrait d'Auguste Petit, réalisé par lui-même .

 

Une photographie d'Auguste Petit à Rio de Janeiro, montre bien une certaine ressemblance ! 

Si Auguste Petit est complètement oublié à Châtillon sur Seine, il fut un peintre connu et apprécié dans son pays d'adoption, le Brésil, voici donc sa biographie.

Auguste petit naquit  en 1844  à Châtillon-sur-Seine  au 81 rue de Chaumont (appelée maintenant rue Docteur Robert)


Il  arriva au Brésil en 1864, avec les connaissances artistiques acquises dans son pays d’origine en tant qu’élève du peintre paysagiste Eugène Nesle (1819 - 1871).

 
Il s’installa à Rio de Janeiro, où il réalisa des paysages :


 des natures mortes :

Des fleurs :

 Il réalisa des scènes historiques et, surtout, des portraits dans lesquels se distinguent ceux du couple impérial Dom Pedro II (1825 - 1891) :

 l'Impératrice Dona Teresa Cristina (1822 - 1889) :

et leur fille, la princesse Isabelle :

Des hommes politiques comme Quintino Bocaiúva (1836 - 1912) :

 et Nilo Peçanha (1867 - 1924) :

et du chef d’orchestre Carlos Gomes (1836 - 1896) :

 

Il peignit aussi d'autres personnages comme ce jeune arabe :

cette ravissante jeune femme :

et ce fringant militaire :

Il fut  récompensé dans plusieurs expositions générales des beaux-arts, en mettant l’accent sur la mention honorable qu’il  reçut en 1882 et les médailles d’argent et d’or qui lui ont été décernées en 1884 et 1888.


Entre 1890 et 1918, le peintre se produisit régulièrement dans des expositions collectives promues par l’École nationale des beaux-arts – Enba.

1879 - Rio de Janeiro RJ - 25e Exposition générale des Beaux-Arts, à Aiba
1882 - Rio de Janeiro RJ - Exposition générale des Beaux-Arts - mention honorable
1884 - Rio de Janeiro RJ - 26e Exposition générale des Beaux-Arts, à Aiba - médaille d’argent
1890 - Rio de Janeiro RJ - Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1894 - Rio de Janeiro RJ - 1ère Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1898 - Rio de Janeiro RJ - 5ème Exposition Générale des Beaux-Arts, à Enba
1899 - Rio de Janeiro RJ - Exposition Générale des Beaux-Arts, à Enba
1901 - Rio de Janeiro RJ - 8ème Exposition Générale des Beaux-Arts, à Enba
1902 - Rio de Janeiro RJ - 9ème Exposition Générale des Beaux-Arts, à Enba
1903 - Rio de Janeiro RJ - 10ème Exposition Générale des Beaux-Arts, à Enba
1904 - Rio de Janeiro RJ - 11e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1905 - Rio de Janeiro RJ - 12e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1906 - Rio de Janeiro RJ - 13e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1907 - Rio de Janeiro RJ - 14e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1908 - Rio de Janeiro RJ - 15e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1909 - Rio de Janeiro RJ - 16e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1910 - Rio de Janeiro RJ - 17e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1912 - Rio de Janeiro RJ - 19e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1914 - Rio de Janeiro RJ - 21e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1915 - Rio de Janeiro RJ - 22e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1916 - Rio de Janeiro RJ - 23e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1917 - Rio de Janeiro RJ - 24e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba
1918 - Rio de Janeiro RJ - 25e Exposition générale des Beaux-Arts, à Enba


En tant qu’enseignant, Auguste Petit enseigna la peinture. Entre 1880 et 1901, il reçut des élèves dans son atelier, situé à différentes adresses à Rio de Janeiro.

C'est au Brésil qu'il rencontra Angèle Hoxse, une française de Nantes, elle-aussi artiste, qui devint son épouse, ils  eurent trois filles.

Auguste Petit revint quelques fois à Châtillon, par exemple pour marier sa fille Maria à Gustave Morizot, bien connu dans la ville.
Omer Reddé dut certainement le rencontrer lors de  ses séjours .

Je vous avoue que j'ai beaucoup apprécié la pose de la plaque à son nom, au 81 rue Docteur Robert (par les propriétaires de la maison ? par la Ville ? je ne sais pas) et je pense que ce peintre la méritait amplement.

Au Brésil, à Rio de Janeiro, une place porte son nom, c'est dire  le succès qu'il a eu dans son pays d'adoption, à quand une rue Auguste Petit à Châtillon-sur-Seine ?

A noter que, dans le bulletin numéro 37, de décembre 2020 des Amis du Châtillonnais, Isabelle Valque-Reddé a rédigé un article sur Auguste Petit, avec des tableaux différents de ceux présentés sur ce blog.
 

 

 

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 17 Février 2025

 

CHAUMONT-LE-BOIS

1085-1106 Casmuum

1147 Ecclesia Camedonensis ou Odo de Chameon

1214 Calvus Mons

1237 Chamont

1269 Chamoont ou Chamunt in Bosco ou Chamont in Bosco ou Calvus Mons in Bosco

1300 Chamont le Bois

1301 Chamons Boscus

1314 Chomons in Bosco

1348 Chaumons in Bosco

1370 Chamons in Bosco

1371 Chaumont le Bois ou Chamont le Boys

1372 Chamont le Boix

1568 Chaumont le Boys

1574 Chaulmont le Bois

1653 Chaulmont le Boys

(Origine des sources principales consultées et citées par Alphonse Roserot : Laurent,I. Abbaye de Moutier-Saint—Jean. Archives de Côte d’Or : Clairvaux et autres .Abbaye Notre-Dame de Châtillon. Arbaumont, Ban. Abbaye de Molesme)

En 1789 le bourg était de la province de Bourgogne, bailliage de la Montagne.

Son église, sous le vocable de saint Martin, était le siège d’une cure du diocèse de Langres, doyenné de Châtillon, à la seule collation de l’évêque et, avant 1731, à la présentation de l’abbé de Moutier-Saint-Jean.

La seigneurie appartenait à l’abbaye Notre-Dame de Châtillon.

Pendant la période intermédiaire, le village fit partie du canton de Villers-Patras (A.Roserot 1924)

LES ÉCARTS

-La Jarry, ferme, 2,7km au nord-est, 1 feu, 3 habitants (Insee 1951)

Egalement appelée la Jarrie, elle fut bâtie en 1845 (Garnier)

-La Tour-Burot, fief qui relevait de Chaumont-le-Bois. Cité en 1713 (Archives de Côte d’Or)

-La Tour-de-Venarey, fief qui relevait de Chaumont-le-Bois. Cité en 1713 (Archives de Côte d’Or)

AUTRES LIEUX

-La Fontainotte, ruisseau, affluent de la Vieille-Rivière (A.Roserot 1924)

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 14 Février 2025

L'historien Jean Millot, Président d'Images en Châtillonnais a présenté dimanche 9 février, une conférence sur les ponts qui enjambent la Seine à Châtillon-sur-Seine et à Sainte-Colombe-sur-Seine .

Il a eu la grande gentillesse d'offrir son texte et ses images aux lecteurs de ce blog.

Qu'il en soit remercié.

Les ponts de Sainte-Colombe manquent à cet article qui aurait été trop long.

Ils seront présentés prochainement.

La conférence a débuté par la projection de ce superbe plan coloré :

 

 

A l'aide de ce plan, Jean Millot nous montre l’entrée de la Seine dans les remparts.

Les murailles du Bourg et de Chaumont avaient été réunies pendant les Guerres de Religion par deux remparts qui protégeaient le quartier de l'Isle et des Ponts, l'un en amont, l'autre en aval devenu ensuite allée des Boulangers.

Les remparts ont été construits en 1586-88.  Outre les portes, on y trouvait quelques guichets (guichet Boussambre)

 On avait fortifié le pont des grandes grilles et le pont des chaînes avec la création de fort (saint Maurice en 1530) ou de bastion (allée des boulangers).

Ce Plan de 1849 est utile pour situer les établissements industriels :

Jean Millot recense quatre types de moulins qu’on trouvait à Châtillon.

Il en cite deux : moulin à grains, moulin à foulon pour l’industrie lainière (cinq sous l’Ancien régime)…

Et deux autres, le moulin à tan (moulin de la Douix)et Le moulin à papier (la papeterie de Châtillon).

Autre activité qu'il ne peut pas évoquer et qui a eu une grande importance au XVIIIe et XIXe siècle,  ce sont les lavoirs à mines (quartier de Courcelles Prévoir avec le ruisseau de la Forgeotte et la fontaine Boussambre).

Plan 1867 après la crue de 1866 :

 

C’est le plan le plus lisible où sont recensés les usines sur le cours de la Seine. Il existe une très abondante source d’archives produites par le service des Eaux.

Dans l’ordre : Fourneau de la papeterie (la roue actionne une soufflerie), Gros moulin (scierie), moulin des écuyers, le foulon de Breaux, Pertuis bas, bief, Moulin Grillotte, passerelle, pont du Pertuis, pont de l’allée des Boulangers, fontaine de la Dwix, moulin des Epasses.

Retour bras gauche : Pont des chaines en ruines, Ponr St Martin, Halle, passerelle, Sous-Préfecture, pont des Grilles, et Moulin de l’Abbaye (curieuse appellation).

Les routes : la n° 71, rue Neuve (Guichet), rue des Ponts, depuis peu, rue de la Gare…

La n° 80 vers Montbard

La n°85 Grande Rue de Chaumont, rue de l’Abbaye, le pont et à droite vers Chaumont

Le bastion du Petit-Haut (photo Duchesne)

On peut apprécier la hauteur des murailles et la puissance du  bastion.

Voici une Photo Remy, 1900,  qui représente le pont du tramway (pont Notre Dame)

 

 Le Plan d’alignement de 1844 :

On peut situer le pont Notre Dame (1861 démolition)le bief du pont aux poissons, et les bains douches 1840

En 1861, démolition du pont Notre-Dame (qui n’était pas un lieu de passage, il fermait le passage)

En 1808 - Le pont aux Poissons aussi dans l'intérieur de la ville de Châtillon est divisé à la tête d’amont en 4 arches de 3 m 25 cm d'ouverture chacune. La suppression de 2 piles sur moitié de sa longueur le réduit à 2 arches en aval de 6 m 81 cm d'ouverture chacune, des maisons sont construites sur la tête d'aval.

Ce pont est très ancien et mal construit, sans être cependant en mauvais état.

Tableau Victor Didier pont aux poissons :

Professeur de dessin, photographe, Victor Didier (1837-1889) avait son atelier au fond de l’impasse de l’Arquebuse.

Cette photo nous montre des enfants  pêchant au pont des Poissons. L'eau était-elle propre ? oui nous dit le conférencier car une source pure se déversait à cet endroit !

Près des arches du pont aux poissons

En 1910, le  Moulin Grillotte :

Le moulin Grillotte ou moulin des Pauvres.

On y accédait par l’impasse du Guichet (magasin Strassel, fleuriste). L’hôpital Saint Pierre, qui devient après la Révolution l’Hospice le vend à Jean-Baptiste Cailletet, époux d’Elisabeth Lapérouse.Le moulin mis en location à la famille Converset devient un atelier de construction mécanique agricole.

En 1901, Edouard Converset achète l’usine. A son décès Charles Wagner continuera quelques années la construction de machines agricoles.Tout a disparu après le bombardement de juin 1940.

Vue générale pour situer le pont aux poissons :

On peut distinguer la propriété du docteur Jully, du meunier Pocard et d’Ernest Humblot ; les écoles ; la tour des hollandais rue des Ponts, impasse des Capucins ; le ont aux poissons ; la maison de Charité.

 Voici le Plan d’alignement de 1821 :

Il fallait demander l’alignementFélix Mariotte Perriquet

En 1860, photo tirée d’un album Henri Duchesne :

On distingue l’entrée de l’école de Victor Couchené

Vieilles maisons, à droite l'école maternelle (1925)

La maison sur le pont appartient à Gabriel Maillard, droguiste à l’enseigne de l’Arc-en-Ciel. Sa fille Germaine mariée 5 ans avec Marcel Noel.

Pont du Pertuis au Loup (Massenet) 1910 – Le Pertuis au Loup, Potey, cliché Duchesne

 

Le pont du Perthuis au Loup n'est, jusqu'en 1658, qu'une construction en bois peu solide.

En 1658 la ville entreprend la construction d'un pont en pierre et le pavage de celui-ci.

Pont Saint-Barthelemy :

Un pont sur la Seine et la tour de Gissey vers 1900

Une délibération de la Chambre de Ville du 7 Octobre 1698 attribue la cause des inondations, au moulin dit Barthélémy ou Collinot qui existait près la porte du Recept, empêchait l'écoulement des eaux.

En 1789, le petit pont des Grilles fut démoli et reconstruit avec une plus grande capacité pour l’écoulement des eaux. Il prit alors le nom de pont Saint-Barthélemy.

 

 Pont du Recept et l'église  Saint-Vorles :

Victor Connétable ingénieur  le père du général Connétable. A sa  mort, la maison est louée à l’archéologue bijoutier Henri Lorimy. Observer la lucarne.

 Pont St Barthélémy (Cim 34) :

Pont de la Douix :

Gravure Eugène Nesle 1853-1855 et Photo Didier

Le conférencier nous fait remarquer le vannage.

Le foulonnier François Berthelemot (moulin à écorce) gérait le débit et le bassin des lavoirs.1846 démolition en 1855. 3 bassins de pêcherie privés.

1856 Enfin, on a fait démolir ce hideux foulon et cette masure de lavoir 32 m de long qui nous masquaient notre belle Dwi.

1872 Achille Maître est accusé de gestion occulte. Il a fait démolir l’ancien lavoir de la Douix et fait reconstruire le lavoir actuel sans suivre la voie hiérarchique.

 Le pont de la Douix (Massenet) :

Le bâtiment est encore une mégisserie habitée par Gustave Chutry.

 Pont de la Douix  éditions du Moulin :

 

 Bogureau, la source des Ducs :

 

La Seine et la  source des Ducs :

 

Photo Duchesne : la  Fontaine des Ducs

1899 : Mais pourquoi donc nos compatriotes ne font-ils plus, durant la belle saison, comme il y a une dizaine d’années, leur excursion matinale à la Douix, où l’on rencontrait chaque jour, dans cette délicieuse et ombreuse allée qui va de la fontaine des Ducs à la grande source, d’agréables buveurs et de gracieuses buveuses, qui « promenaient leur eau » en échangeant des propos aimables et spirituels?

Pendant deux ou trois années, on a pu croire que Châtillon allait devenir une ville d’eau, tant l’engouement pour la petite source que vous savez était devenu général ici et s’était vite répandu au dehors.

On parlait déjà de la création d’un hôtel dans le voisinage du moulin des Passes ; on annonçait la construction d’un casino…

 Promenade de la Douix par Bogureau :

La rue de Seine a été créée pour rejoindre l’abattoir (avant il était impasse du Raisin.)

Pour relier le quartier neuf à la promenade de la douix et au chemin de Marigny, Bordet promet de créer une route et d’installer deux ponts de bois. Le terrain appartient à l’hospice de Châtillon.

En 1853, après la construction de la rue de Seine et des deux ponts en bois, il est devenu accessible de tous côtés.

 Photo inédite de la construction des ponts :

Par délibération du Conseil du 22 mars 1904, les ponts de bois furent démolis et des ponts en ciment armé construits.

Le don d'Émilie Poupée servit à cette construction (1813-1898).

 

Massenet : Nouveaux ponts :

Bonne vue de la fontaine des Ducs

Bogureau : Nouveaux ponts :

Quant à l'abreuvoir, il a disparu quand, en décembre 1972 ,les deux ponts ont été une nouvelle fois démolis et remplacés par deux de plus grande largeur pour faire face à l'accroissement de la circulation.

 Le moulin des Passes 1904-1905 on y voit  Lebrun et son chien :

Le moulin des Paces.

L'abbaye Notre-Dame en est devenue seule propriétaire en 1247.

Le moulin est vendu 20 000 livres en 1791 à Nicolas Edme Viesse de Marmont.

Après la faillite du maréchal Marmont en 1827, le moulin a appartenu à la comtesse Élisabeth de Rochechouart (1796-1857). Puis Toussaint André puis les frères Piot.

Le moulin servait essentiellement aux paysans du faubourg Saint-Mammès et de Marigny.

 

Le Moulin des Passes par Bogureau :

 

Le moulin appartenait depuis 1882 à Edmond Pocard qui l'avait acquis de son oncle meunier Théophile Noblot (1820-1883).

Edmond Pocard et son épouse résidaient chez Ernest Humblot, impasse des Capucins.

C'est lui qui a fait construire l'immense cheminée pour le bon fonctionnement de sa machine à vapeur qui assurait la force motrice quand les eaux du bief n'arrivaient pas à entraîner les meules.

Paul Lemoine lui succède vers 1925 puis ce sont les Minoteries dijonnaises qui cesseront leur activité en 1993...

Le moulin des Passes lors d'une inondation.

 

Le vannage du Petit-Bas avant travaux :                                                            

 

Photo Manzoni , les travaux :

Le petit-Bas, l’église St Vorles. 1908 :

On distingue le pont du chemin de fer.

 

Photo Duchesne 1890, prise d’eau (concession pour encourager l’industrie)

En 1869, Eugène Rouot (1813-1875), mécanicien, obtient l'autorisation de faire un barrage en bois sur le bras gauche de la Seine et conserver un canal sous les bâtiments et le jardin pour faire tourner une roue hydraulique, motrice de ses ateliers.

Puis son fils Emile (1844-1932) (machines à battre et pressoirs) livre presque épuisé

Photo Duchesne 1860

Le pont des Chaînes (rempart établi lors de la réunification des deux cités Chaumont et le Bourg en  1586)

Le pont aux Chaînes était défendu par un fort dont il est resté jusqu'à 1801 la tour du Fort Saint Maurice, au bout de l'impasse de ce nom.

 

Vieilles maisons en 1909 :

Clément Mitaine, du Cheval Rouge le quitte pour se marier. Au fond, on aperçoit l'Imprimerie Lithographie Reliure (Bogureau)

Pont Saint-Martin et pont des Halles

 Rue des Ponts et Marché couvert :

On distingue le pont Saint Martin l'Hôtel du cheval Rouge  la Pharmacie Serbource puis Goret, l'Horlogerie Alexandre Gambey puis Joseph Boz  et Jardelle (chapelle St Martin)

Le pont Saint Martin dans l'intérieur de la ville de Châtillon est d'une construction ancienne en moellon ; il est composé de 2 arches de 4 m d'ouverture chacune il n'est pas en très mauvais état.

 

Voici un plan de 1788 établi par un ingénieur des Ponts et chaussées

Rue des Ponts, impasse des Capucins, Cour des Halles , en vert bras de la Seine (piliers de la maison) ; Chapelle St Martin, en haut cul de sac du Raisin, espace blanc, puits dans la rue de Chaumont, Poste aux chevaux.

 

Plan  annoté de 1789

De droite à gauche, III maison d’un particulier (rive droite) Joseph Le Sain provenant de Bernard Personne

Cours naturel de la rivière (sic), la Chapelle St Martin 

II maison où résident les pensionnaires des bénédictines qui doit cens.

Bâtiments qui ont été démolis. Porche qui était autrefois il y a 45 ans.

Ruelle qui conduit aux remparts derrière les Bénédictines (allée des Boulangers Rue Regnault) 

Le quartier des Ponts, qui avait eu un oratoire Saint-Martin au XIIe siècle et n'avait pas de lieu de culte au XVIe siècle, obtint en 1578 le droit de construire une chapelle aux frais des habitants et surtout de François Riel prévôt.

L'édifice dédié à Saint-Martin, situé rue des Ponts, assez modeste disparut au XIXe siècle.

 

Plan cadastral 1810 (modifié après le bombardement)

 

Un petit bras de la Seine et une photo inédite du pont des Halles

Pont des Halles (Pont en bois en 1831 puis passerelle).

On décida de le reconstruire en pierre, à une plus grande hauteur. Sa réception définitive eut lieu en 1874.

Les Halles:

 :

    En  1910 quai des Halles :

Pont des Grandes Grilles

77 Avenue des Boulangers

Vous avez le bonjour de la petite parisienne Elodie Deseaux. (colonie du XIe)

En 1641, la crue de janvier fut telle qu’elle emporta le pont des Grandes Grilles avec des portions de remparts.

On le reconstruisit alors plus large. Réclamation des Bénédictines.

 

      Lebrun Joly le Pont des Grilles, 1910, colorisée :

 

       En 1910, le  pont miné :

 

   Février 1910 , le pont des Boulangers :

 

  Une carte de  Massenet  :Bords de Seine

 

        Gué des Grandes Grilles Jardelle :

 

   1890 une photo de Duchesne , la promenade :

On peut voir ici le Chalet Voizot Bonnamy Normier.

  Par Charpentier : Bords de Seine (vue du pont de l’abbaye) :

Le pont de l'abbaye :

1820 une gravure de Lasteyrie

 

Le maréchal a fait venir un célèbre lithographe pour immortaliser ses possessions.

Le pont de l'Abbaye sur la rivière de Seine est moderne d'une fort belle construction. Il est composé de 2 arches de 11 m 69 cm d'ouverture, chacune en maçonnerie de pierres de taille sur un plan circulaire.

 Le pont du moulin de la Sucrerie (Trèfle)  :

 

 Pont sur la Seine 1950 (Bourgeois ) :

 

 Le Moulin Marmont en 1919 :

Le pont des Malades

En 1820 gravure de Lasteyrie du vieux pont :

 

Rappel : Le château des seigneurs de Sainte-Colombe est dans le domaine et sous la protection des ducs de Bourgogne.

 Le cadastre de Sainte Colombe :

Pont – moulin de la Maladière. Le moulin des Malades, — ou de Courcelles-Prévoir — sur la paroisse de Sainte-Colombe, relevant de la Maladière, avec huilerie et place à foulon, situé à l’extérieur des remparts, appartenait à l’abbaye Notre-Dame.

      1901 (Mlle Charpentier) Pont sur la Seine

 

 Un coin du Parc, Vieux pont sur la Seine :

 

Une  photo de Michel Desliens :

Images en Châtillonnais a édité deux très beaux ouvrages que leurs auteurs ont dédicacé en fin de conférence.

Le premier, écrit et illustré par Jean Millot, nous présente les villages du canton de Châtillon-sur-Seine à travers les cartes postales.

 

Le second ouvrage est l'œuvre de Michel Manzoni, Vice-Président d'Images en Châtillonnais.

Il est composé de photographies de soldats américains qui étaient basés dans tous les villages du Châtillonnais durant la Grande Guerre.

 

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 13 Février 2025

Quelques dessins de Bombled pour l'illustration du Mémorial de Saint-Hélène.

Officier d'ordonnance de l'Empereur :

 

Chirurgiens et infirmiers militaires :

 Inspecteur aux revues :

Edouard Fabry fut un valeureux Officier du Premier empire....

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 12 Février 2025

 

Vendredi 17 mars, Dominique Masson, historien châtillonnais, a présenté une passionnante conférence, sous l'égide de la Société Archéologique et historique du Châtillonnais (SAHC), sur les relations que saint Bernard de Clairvaux eut avec notre ville, Châtillon-sur-Seine.

 Le Président de la SAHC,Dominique Sanson, a présenté le conférencier au public venu très nombreux.

Dominique Masson a conté l'enfance et la jeunesse de saint Bernard, en l'accompagnant de superbes illustrations.

Son texte dépassant les limites du nombre de caractères autorisés par le blog, cette conférence paraîtra en plusieurs épisodes.

Partie 1 :

La ville de Châtillon a beaucoup compté pour saint Bernard puisqu’il y a passé sa jeunesse ; ces années furent importantes pour lui, elles furent des années de formation ; et, plus tard, il continuera à garder un œil sur cette ville.

 
L’inconvénient, c’est que les périodes où le futur saint Bernard a vécu à Châtillon sont difficiles à cerner exactement :           
 
D'’une part, il y a des problèmes de dates ; les historiens ne sont pas toujours d’accord et on est souvent dans l’approximation.
 

(« Incipit prologus Willelmi abbatis in vita sancti Bernardi clarevallensis abbatis ») ; 1180 ; Dijon. 

 
D’autre part, Bernard n’a jamais parlé  de sa jeunesse.
 
On ne connait la jeunesse de Bernard que par les « fragmenta Gaufridi » (les « fragments ») rédigés par Geoffroy d’Auxerre (1145/1146) et par la « vita prima sancti Bernardi », rédigée par trois de ses proches, à partir de 1145 : Guillaume de Saint-Thierry, Arnauld de Bonneval et Geoffroy d'Auxerre).

Revenons rapidement en arrière.

L’aventure cistercienne avait commencé en 1075, avec la fondation de l’abbaye de Molesme, par saint Robert.

Mais, comme une partie des moines refusait de pratiquer avec la plus grande austérité la règle de saint Benoît, Robert, avec Etienne Harding et une vingtaine de moines, partit au sud de Dijon pour y fonder un nouveau monastère (le« novum monestarium »), le 21 mars 1098 : lequel prendra ultérieurement le nom de Cîteaux.

 

Le trajet Molesme-Cîteaux :
 
 
LES PARENTS DE SAINT BERNARD
 
Son père c’est Tescelin II de Fontaine, dit Tescelin le Roux ou Tescelin le Saur (parce qu’il avait une chevelure blonde tirant sur le roux). 
 
lignée Tescelin :
 

 

C’est quelqu’un : de pieux, de juste, c’est quelqu’un qui est issu d’une famille noble :
 
- Par son père, il est apparenté aux seigneurs de La Ferté (sur Aube) - par sa mère, il pouvait être apparenté aux seigneurs d’Aigremont, de Saulx et de Grancey. 
 Et lui-même est un seigneur châtelain ; mais, il n’apparaît pas comme un gros propriétaire foncier. Le château lui-même de Fontaine est un petit château, muni de défenses assez rudimentaires.
 
 Surtout, Tescelin est un vassal du duc de Bourgogne. En tant que tel, il doit assurer régulièrement la garde au château de Châtillon. C’est un « milites castri », c’est-à-dire qu’il fait partie d’un groupe de chevaliers attaché à la défense de ce château.
 
 Le château de Châtillon au XVIIème siècle :

Ce château de Châtillon n’est pas un grand château par sa surface (4 tours + un donjon), mais il a un grand intérêt stratégique, car il commande la percée de la Seine entre le comté de Champagne et le duché de Bourgogne.              

Lors de ses gardes, Tescelin n’habite pas au château même, mais il a une maison proche où il habite le temps de sa garde. 

Tescelin est un homme sage, qui a la confiance de son seigneur ; c’est pourquoi  il compte parmi les proches des ducs de Bourgogne. 
De sorte qu’il figure souvent comme témoin dans leurs actes.
 
cartulaire ; fondation Molesme ; archives Côte d’Or ; cart. 142, 7 H 6 ; XIIe siècle :
 

 

Par exemple, il est parmi les témoins de la charte de fondation de Molesme, donc en présence de Robert de Molesme (vers 1075/1076).
En bref, c’est le type achevé du chevalier chrétien.
 
Sa mère, c’est Aleth de Montbard (Alette, diminutif de Alix ; dériverait d’un mot allemand signifiant Adélaïde)
 
 Elle est de famille plus importante que la famille de Tescelin, puisque son père est le premier seigneur de Montbard ; c’est Bernard Ier de Montbard (1040-1103), (qui est apparenté aux familles de Bar-sur-Seine ; Tonnerre ; La Roche-Vanneau)
 
La lignée d'Aleth :  
 
                      
Par sa mère, Humberge, elle est apparentée aux seigneurs de Couches-les-Mines ; Ramerupt ; Baudement. 
La famille du seigneur de Montbard se compose de 5 enfants :
 
Mille, qui sera moine à Cîteaux ; André, qui sera l’un des neuf fondateurs de l'ordre du Temple  ; Renard, qui sera seigneur de Montbard ; et Gaudry de Touillon, qui suivra Bernard à Clairvaux.
 
 Et il y a Aleth. Elle passe son enfance au château de Montbard. Son père la destinait au cloitre et elle fut élevée dans cette intention. Mais, lorsqu’elle eut 15 ans, Tescelin la demanda en mariage.
 
 Aleth et Tescelin –vitrail de Montbard, église Sainte Urse –XIXe siècle :
 

 

Les  enfants du couple-vitrail de Montbard
 

Aleth eut sept enfants :   

Guy, Gérard, Bernard, Hombeline, André, Barthélémy et Nivard : soit  6 fils et une fille.
 
Non  seulement  Aleth se dévouait pour des œuvres charitables mais, pour l’éducation de ses enfants, elle ne voulut pas les confier à des nourrices, mais les allaita elle-même et elle les éleva dans la discipline ; tant qu’ils restèrent sous sa main, elle leur apprit à se contenter  de vêtements simples et de nourriture solide, mais grossière :
 
Geoffroy d’Auxerre dira :
« Agissant manifestement sous l’inspiration divine, elle ne préparait pas ses enfants  pour le siècle, mais pour la vie religieuse, prenant soin qu’ils fusent élevés  sans faiblesse et sans bien-être, de sorte qu’ils devinssent robustes, nullement efféminés par l’usage des choses qui plaisent ». 
 
Avant même que Bernard ne naisse, Aleth eut un songe ; elle vit un chien taché de roux qui poussait des aboiements formidables. Grandement épouvantée, elle alla voir un saint ermite, qui la rassura et lui prédit la glorieuse destinée de son futur fils :
 
« Ne craignez rien, car vous serez la mère d’un excellent petit chien ; celui qui naîtra de vous sera le meilleur des prédicateurs, il ne ressemblera pas à ces chiens muets qui ne savent pas aboyer » (Geoffroy d’Auxerre).
 
 Aleth est donc une châtelaine exemplaire et une mère exemplaire
 Le résultat pour Bernard :
- d’un côté, la figure de la mère sera omniprésente ; Bernard présentera sa mère comme l’absolu  d’un possible idéal féminin.
- de l’autre, bien qu’il ne soit pas élevé pour le maniement des armes, Bernard sera pénétré du sens militaire et pourra acquérir le don du commandement et appliquera la discipline militaire aux règles monastiques.      
Et, de plus, le maillage lignager comptera beaucoup : soutien.
 
Son maillage lignager  (entre Bourgogne, Champagne, évêché) :

L’ENFANCE DE BERNARD DE FONTAINE

 Il est né au château de Fontaine, en 1090/1091, il aurait été élevé, selon Geoffroy d’Auxerre, avec plus de tendresse que ses frères. 
 
Il resta à Fontaine où il fut élevé par sa mère, jusque vers l’âge de 5 ou 8 ans (les historiens se séparent sur cette question).
 
Puis Aleth (vers 1095-ou vers 1098 ???), décida de transférer la famille de Fontaine à Châtillon, pour permettre à Bernard de fréquenter l’école des chanoines, afin  de le préparer à une carrière ecclésiastique ; l’avantage, c’était que cette école était proche  de la maison de Tescelin et  Bernard pouvait ainsi fréquenter  l’école  et vivre en famille.
 

 

                                                                     
Peut-être vers 5 ans, il aurait été confié aux chanoines de Saint Vorles pour apprendre les  premiers rudiments des Lettres, c’est-à-dire apprendre à déchiffrer les psaumes, les réciter par cœur puis les comprendre, s’exercer à les lire à haute voix et les chanter.
 
 Le psautier, à l’époque, c’était le livre de lecture élémentaire depuis l’époque mérovingienne ; mais il était écrit en latin, langue qui n’était  plus la langue de tous les jours, mais un instrument de communication « culturelle », avec une grammaire rigoureuse.
 
On relève que, plus tard, les écrits de Bernard  montrent une grande habileté  dans le maniement de la langue latine.
 
Puis, vers l’âge de 7 ans, le jeune Bernard va approfondir ses connaissances.
 
(Ou alors, il ne vint aux écoles des chanoines que vers 7/8 ans).

Qui étaient ces chanoines ?

En Bourgogne, Langres, le siège d’un évêché, était, à la fin du XIe siècle, un grand foyer d’études. Outre Langres, il y avait des écoles à Dijon, Châlon, Tournus, Mâcon, Cluny et  à Châtillon

                                

L’évêque de Langres Brun de Roucy (980-1016), avait reconstruit l’église Saint Vorles de Châtillon-sur-Seine et il y avait institué là un groupe de chanoines, séculiers ; ils avaient là leur habitation et leur cloitre dans la basse-cour du château et c’est là qu’ils enseignaient.

Cloitre des chanoines près du château, tableau du XVIème siècle :

 

On y enseignait probablement que le trivium, c’est-à-dire les trois disciplines littéraires fondamentales ; la grammaire (l’art de bien écrire), la rhétorique (l’art de bien parler) et la dialectique (l’art de bien raisonner) – (mais, pour certains auteurs, Bernard n’aurait étudié que grammaire et rhétorique).                       

Bernard n’étudia pas les quatre disciplines scientifiques réunies dans le quadrivium : arithmétique, géométrie, musique, astronomie (mais il a pu quand même en avoir quelques notions).

(La suite de cette magnifique conférence paraîtra dans trois autres articles, édités prochainement)

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 12 Février 2025

 

 

C'est quand saint Bernard eut environ 7/8 ans, une veille de Noël 1097 ou 1098, qu’il reçut une faveur insigne : c’est la vision de Noël.

Vision de Noël, dessin de Thomas Fontana, cuivre d'Antoine Tempesta (1653) :

Selon Guillaume de Saint Thierry,                                                                

«  Cette vision arriva dans cette nuit  si célèbre  de la naissance du sauveur du monde … Car pendant qu’on tardait, durant quelque temps, à célébrer le service de la nuit, il advint que Bernard, qui était assis et qui attendait comme les autres, penchant la tête, s’endormit un peu. Dans le même instant, l’Enfant Jésus se présenta à lui comme à son enfant et lui révéla sa sainte naissance …..             

Son esprit fut persuadé, comme il le croit et le confesse encore maintenant, que cette heure était celle de la naissance de notre Seigneur ».  

Par contre, dans les « Fragments » de Geoffroy d’Auxerre, ce dernier rapporte que, la veille de Noël, alors que le jeune enfant dormait dans la maison de son père, il lui sembla voir la Vierge enfanter. Or, on sonnait pour les Vigiles ; sa mère le réveilla, le revêtit des habits de cérémonie et l’emmena à l’église avec elle, comme elle en avait l’habitude.

Donc, pour Geoffroy d’Auxerre, la vision a eu lieu dans la maison paternelle.  Par contre, pour Guillaume de Saint Thierry, la vision aurait eu lieu devant la statue de la Vierge, dans l’église saint-Vorles.

Mais, dans ces récits, il n’est question que de la Nativité, de la « naissance du Christ ».     

monstra te esse matrem

                   

L’italien Jacques de Voragine, au XIIIe siècle,  le souligne encore, dans sa "Légende dorée" :

                                                                             « Et, depuis lors, il acquit une compétence spéciale dans tout ce qui touchait à la nativité du Christ, ce qui lui permit de parler mieux que personne de la Vierge et de l’Enfant et d’expliquer le récit évangélique relatif à l’Annonciation ».            

La Nativité fut, plus tard, dans les sermons de Bernard, un thème privilégié ; et, même si l'œuvre de Bernard sur la Vierge est restreinte, les quelques pages qu'il n a laissé sont si débordantes de ferveur qu'elles ont fait considérer le saint comme un "docteur marial".                                                                     

Et maintenant évoquons le  «  miracle de la lactation de saint Bernard » 

D’où vient cette légende, qui n’est ni dans  les « vitae », ni « la légende dorée » ???

Le thème de la lactation  mariale est relaté d’abord par le cistercien Césaire de Heisterbach, au début du XIIIe siècle ; il en fait mention dans ses « huit livres de miracles » ; il parle d’un abbé de Clairvaux de la fin du XIIe, ignare  dans la science de l’écriture, mais plein de bonté ; le pape lui envoya une lettre lui enjoignant  de prêcher la croisade, il fut alors très inquiet ; il entra dans l’église, alla prier et implorer la Vierge ; elle l’appela et lui tendit ses seins  afin qu’il les  suce.

- Ensuite, Etienne de Bourbon  rédigea, au milieu du XIIIe siècle, un « traité des diverses manières à prêcher », où il parle là de la lactation par la Vierge d’un religieux anonyme.

 

Ci nous dit :

Et puis, au début du XIVe siècle, parut un livre d’instruction chrétienne, appelé le : « Ci nous  dit ». Il y a 8 chapitres sur saint Bernard ; mais là, c’est après son entrée à Cîteaux que l’abbé Etienne Harding aurait demandé à Bernard d’aller prêcher devant l’évêque de Châlons-sur-Marne. Bernard ne put se dérober ; il alla prier et s’endormit. « Et Notre Dame mit sa sainte mamelle dans sa bouche et lui enseigna  la divine science. Et désormais, il fut l’un des prédicateurs les plus subtils de son temps et prêcha devant l’évêque. L’abbé l’envoya alors à Clairvaux… ».

Passons donc maintenant au miracle de la vision de la naissance du Christ, au miracle de la lactation représenté par cette gravure :

 

- Ce miracle de la lactation, on va le retrouver également en peinture : la plus ancienne  représentation de la « lactation » de saint Bernard  se trouve en Espagne, peinte, vers 1290, sur un retable de  l’église des templiers de Majorque (Baléares):

 

 Ensuite, ce miracle de la lactation va se répandre à partir du XVe siècle au-delà des Pyrénées ; et la lactation va devenir alors véritablement le miracle caractéristique de saint Bernard.

 On va le trouver en miniature :

 

en vitrail (Vézelise, XVIe siècle ; Chaumont, XIXe siècle) :

 

en peinture :

Jean Beugier alias le Maître des Portraits princiers, Lactation de Saint Bernard, fin XVe-début XVIe siècle, Cassel, musée de Flandre, dépôt de l'abbaye Sainte-Marie du Mont-des-Cats de Godewaersvelde) ; 

Par l'école flamande, musée de Liège :

A Hautecombe l'enfant a disparu...

 

 

 Le thème sera repris aussi plus tard par les peintres de la Contre-Réforme et les peintres baroques.

Alonzo Cano (espagnol 1601-1667)

 

 

Josefa de Obidos (une espagnole, d’origine portugaise (1630-1684)

 

 Finalement, à la suite de « contaminations » successives,  ce récit va se greffer à Châtillon, où il trouvait là un terrain favorable.

Il y eut d’abord une lettre concédant 40 jours d’indulgence, qui avait été octroyée à Avignon  en 1340, par 5 évêques, pour les fidèles qui visiteraient l’église Saint-Vorles, en raison du miracle  dont l’église avait été le théâtre. 

Mais comme cet acte originel disparut dans l’incendie de Châtillon en 1475, le chanoine curé de Saint-Vorles demanda, en 1490, un « vidimus » (c’est-à-dire  une copie certifiée authentique), qui fut octroyé par l’abbé de Vaux-la-Douce (Haute Marne).

Première page de l'Histoire Sainte du Père Legrand :

 

 Et ensuite un châtillonnais, le père Etienne Legrand, fixa le canon du miracle de la lactation à Châtillon dans son livre paru en 1651 ; il écrit :

« …Il se trouve en l’église de Saint-Vorles de Châtillon une certaine image très ancienne de la bienheureuse Vierge Marie … laquelle présenta miraculeusement son fils à saint Bernard …lui disant « Bernard, reçois mon fils, le sauveur du monde … … et l’image porta la main à sa mamelle et fit distiller sur-le-champ trois gouttes de son lait dans la bouche ouverte de ce saint… ».    

 Le père Legrand parle d’une image de la Vierge , puisqu’on va aussi accréditer que ce miracle s’est passé  devant la statue de la Vierge, statue conservée dans l’église Saint-Vorles, dans une niche de la chapelle inférieure ; celle-ci, dès le XVe siècle, s’appellera «  chapelle de Monsieur saint Bernard ».

Chapelle Saint-Bernard :

 

 

 peinture murale disparue:

 

C’est cette statue, et non la Vierge elle-même, qui s’anima lors du miracle.  

Malheureusement, à la Révolution, malgré une patrouille de 24 personnes, la statue fut prise et brûlée.

Mais une statue de Vierge, correspondant parfaitement à la description du père Legrand, fut retrouvée  dans une maison châtillonnaise ; elle s’adaptait à la niche de l’église Saint-Vorles ; la statue fut alors remise solennellement dans la niche en 1927. 

La statue de la Vierge :

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 12 Février 2025

Revenons au jeune Bernard

Après avoir appris à lire et à écrire, il va recevoir une formation purement littéraire, traditionnelle, mais d’excellente qualité, de la part des chanoines de Saint-Vorles.

 Ces années de lectures et d’exercices  vont lui permettre d’acquérir une excellente connaissance dans de nombreux domaines  et il va mémoriser  de nombreuses formules de langage.

Il va étudier à fond la Bible, dans le texte de la Vulgate, établi par saint Jérôme.Plus tard, les mots venus de la Bible latine abondent dans les textes de Bernard, surtout ceux venant des 4 Evangiles, de saint Paul, des Psaumes et du Cantique des Cantiques ; ce qui fait penser que, s’il est aussi familier avec l’Ecriture sainte, c’est qu’il l’a beaucoup lue autrefois.

Il a pu fréquenter les œuvres des Pères de l’Eglise dès cette époque, comme saint Jérôme ; saint Augustin ; saint Ambroise ; saint Grégoire le Grand. Et il aura une prédilection pour Origène,  le père de l'"exégèse biblique", qui est le premier à affirmer clairement la virginité perpétuelle de Marie.

Il va connaître aussi les auteurs latins classiques : Virgile ; Ovide ; Sénèque ; Tacite ; Horace ; Juvénal ; Térence ; Perse ; Stace.                                        

Il va connaître aussi Boèce, un philosophe et homme politique romain (Ve/VIe siècle), qui traduisit Aristote ; mais c’est aussi lui qui a forgé le terme de "quadrivium", et ses livres servirent pendant tout le moyen-âge pour l'éducation des moines. On peut penser que Bernard, sans avoir suivi l’enseignement du « quadrivium », en a cependant connu des fragments. 

Concernant le chant et la musique :

il fallait célébrer l’office divin et Bernard a chanté, dans sa jeunesse, des textes de l’Ecriture.

De sorte que, plus tard, Bernard sera chargé par son ordre de réformer le chant grégorien.

Et il y a la grammaire : ce n’était pas seulement l’art d’apprendre à lire et écrire correctement, il y avait également le rythme, la métrique.

Il fallait pour les écoliers composer des vers latins et faire des compositions rythmées.                 

Plus tard, Pierre Béranger, un disciple d’Abélard (que combattra Saint Bernard), accusera Bernard d’avoir composé dans sa jeunesse des vers frivoles, « des poèmes amusants », de petites chansons séduisantes. Et on retrouvera ultérieurement cette rythmique dans ses écrits ; on a pu constater que la prose de saint Bernard est souvent rythmée comme la poésie. 

Et enfin, il y a la rhétorique .

Bernard excelle dans les jeux de mots, les jeux de sons, les artifices de toutes sortes.

Il emploie des figures de style, ce qu’on appellerait aujourd’hui des allitérations, des ellipses, des antithèses…

Voyons maintenant les traits de caractère du jeune Bernard :

Voici ce qu'en dit Guillaume de Saint-Thierry :

«  Le jeune enfant, plein de grâces et doué d’un génie naturel, accomplit promptement à ce sujet le désir de sa mère … Il s’y montrait d’une très grande simplicité, aimant à vivre avec lui-même, fuyant le public, paraissant extraordinairement pensif, obéissant et soumis à ses parents, bon et reconnaissant pour tous, simple et paisible à la maison, sortant rarement, pudique au-delà de ce que l’on peut croire, n’aimant nulle part à beaucoup parler, dévot envers Dieu, appliqué à l’étude des lettres…».

Ill pratique l’aumône : Geoffroy d’Auxerre dira: « Il est encore remarquable que, dès ses plus tendres années, s’il pouvait avoir quelque argent, il en faisait des aumônes en secret ». 

Il est chaste : Guillaume de Saint-Thierry rapporte cet épisode :  

                        

«  Encore enfant, comme il était tourmenté d’un violent mal de tête, il se mit au lit. On lui amena une femme pour apaiser sa douleur par des charmes. La voyant s’approcher avec ses instruments d’enchantement par lesquels elle avait coutume de tromper les gens du vulgaire, il se récria avec une grande indignation, l’éloigna et la chassa de lui …. Se levant aussitôt, il se vit délivré de toute douleur ». 

Il a aussi un sens aigu de l'observation

Bernard, dans ses sermons, fera  énormément allusion aux cinq sens.

Il évoquera  aussi les éléments, les astres, les saisons, les pierres, les plantes et les bêtes.                  

Par exemple, pour la flore, Bernard est sensible aux odeurs ; dans le « Sermon aux clercs », il écrit :

« Vous y verrez pousser des lis admirables ; à peine leurs fleurs commenceront-elles à s’épanouir, que vous entendrez le doux gémissement de la tourterelle ».                                        Et on peut  penser, qu’outre ses connaissances livresques, il a connu ces éléments, en vrai, lors de son séjour à Châtillon.

Lui-même dira plus tard : « On apprend beaucoup plus dans les bois que dans les livres ; les arbres et les rochers  vous enseigneront  des choses que vous ne sauriez entendre ailleurs… ».

Ce fut donc un élève studieux et même surdoué car, selon Guillaume de saint Thierry :

« Le jeune enfant, plein de grâces et doué d’un génie naturel, accomplit promptement à ce sujet le désir de sa mère, car il avançait dans l’étude des lettres avec une promptitude au-dessus de son âge et de celle des autres enfants du même âge ».

mais un élève réservé, timide, sensible.....                             Geoffroy d’Auxerre indique  que Bernard préférait à l’époque plutôt mourir que de parler en public ou d’être présenté à des étrangers.

Par une simple allusion de Bernard lui-même, il semble que ses professeurs ont essayé d’extirper ce défaut par des punitions corporelles, mais ils n’y réussirent jamais complétement.

mais peut-être doué aussi d'un peu d’orgueil ; Pierre Béranger  accusera  Bernard, disant que, dans les concours de versification, il essayait de l’emporter sur tous par son astuce.

SA VOCATION

Bernard va passer une dizaine d’années à Châtillon, auprès des chanoines.

Mais, entre 1103 et  1108,  sa mère, Aleth, mourut. C’est un monde qui s’effondra pour lui.

C’est aussi l’époque où Bernard passait de l’enfance à l’adolescence et avait terminé ses études à Châtillon.

Beau garçon , blondinet aux yeux bleus , il plaisait aux filles.

Agé d’environ 18 ans, Bernard  va alors faire partie d’une bande de  « jeunes » nobles oisifs .           

Mais peu à peu, il va songer à entrer dans un monastère.         

Ses frères voulurent le détourner de ce projet  et l’encourageaient à poursuivre des études.

Il fut décidé qu’il partirait en Allemagne et on fixa un jour pour préparer ses affaires.

Ses frères et son oncle Gaudry de Touillon étaient à ce moment-là auprès du duc de Bourgogne, en train d’assiéger la place forte de Grancey-le-Château. 

Bernard prit donc le chemin de Grancey, mais, selon Geoffroy d’Auxerre

 « comme il se hâtait vers l’endroit prévu pour le jour qui avait été fixé, (Bernard), se mit à méditer et à retourner dans son esprit l’image de sa mère  et à être pénétré  de l’idée qu’il décevait l’espoir qu’elle avait mise  en lui et qu’il ne faisait rien pour celle qui l’avait élevé si tendrement. Voyant alors une église près du chemin, il descendit de cheval, entra  et pleura amèrement, dans une prière les plus ferventes. Puis il partit au rendez-vous ».             

Sa décision était prise

Bernard va se retirer d’abord dans la maison paternelle de Châtillon.

Il y serait resté  probablement de la fin du mois de décembre 1112 jusqu’à la fin  du mois de mai 1113.

Il y est avec son oncle Gaudry, qui avait quitté le siège de Grancey (et, peut-être, plus tard, avec Mille de Montbard, le frère de Gaudry) ; puis il va convaincre peu à peu plusieurs de ses connaissances à le rejoindre :                                                                                                        Il va arriver à convaincre ses quatre frères de le rejoindre.                                                                                  Il y aura aussi deux de ses cousins : Geoffroy de La Roche-Vanneau et Robert de Châtillon et il va également convaincre certains de ses amis :                                                                

 Geoffroy d’Aignay et Arnold (probablement tous deux des amis de « collège » à Châtillon) ; Artaud ; Hugues le Pauvre de Montbard ; il alla même jusqu’à Macon pour convaincre Hugues de le suivre.                                          

Ce zèle de Bernard inquiéta (aussi bien à Châtillon que dans les environs) et on en vint à se demander publiquement, à l’époque, s’il finirait par s’arrêter.

« Il devint  la terreur des mères et des jeunes femmes ; les amis redoutaient de le voir aborder leurs amis » (selon la « Vita »).

Mais tous ne partirent pas vers le monastère, il y eut deux défections.

 Finalement, fin mai 1113, Bernard avec une trentaine de ses compagnons, quitta Châtillon et vint frapper à la porte de Cîteaux, où Etienne Harding les accueillit.

Bernard restera là trois ans, dont un an de de noviciat.

Là, il va compléter, par ses lectures, la formation littéraire  qu’il avait reçue auparavant (Cicéron, les Pères de l’Eglise grecs…).

Mais, comme c’est un surdoué, il va brûler les étapes.

Et, en 1115,  Bernard, avec en particulier quatre de ses frères, ses oncles, des cousins et des amis, partit de Cîteaux pour fonder, le 25 juin, l’abbaye de Clairvaux.

Le chemin Cîteaux-Clairvaux :

 Mais les débuts de l’abbaye furent difficiles.                                              

Selon Guillaume de Saint-Thierry:

«  Un jour que son frère Gérard, qui était le cellérier, se plaignant fortement à lui de ce que l’hiver était proche, qu’il manquait beaucoup de choses nécessaires  aux religieux, et qu’il n’avait point d’argent pour en acheter …(Bernard) lui demanda combien il faudrait pour suffire à cette présente nécessité ; il répondit qu’il faudrait bien onze livres.

Alors le saint,  le renvoya et eut recours à l’oraison ; et fort peu de temps après, Gérard, revenu, lui dit qu’il y avait  dehors une femme de Châtillon qui demandait à lui parler…

Elle se jeta à ses pieds et lui offrit douze livres, le suppliant que l’on priât Dieu pour son mari qui était malade à l’extrémité ; à quoi (Bernard) répondit en peu de mots et la congédia en lui disant : Allez, vous trouverez votre mari en santé ; et elle, s’en retournant chez elle, le trouva guéri, selon la parole de Bernard ».

Ultérieurement, dans ses pérégrinations au cours de sa vie, Bernard dut passer plusieurs fois par Châtillon.

 carte Clairvaux-Fontenay :

 

En 1118/1119, lorsqu’il partit fonder Fontenay, il dut passer probablement par Châtillon et aussi ultérieurement , en particulier pour la consécration de l'église de Fontenay en 1147.

                  Carte Clairvaux-Jully :

Bernard fit également plusieurs voyages pour se rendre à Jully-les-Nonnains (Yonne) .

C’était un prieuré bénédictin, fondé en 1115, par Milon II, qui rassemblait des femmes pieuses (supervisé par Molesme) ; c’est sous les conseils de quatre abbés  cisterciens, dont celui de Clairvaux, que furent élaborés les statuts de Jully,entre 1118 et 1132.  .                                                                                    C’est là qu’Hombeline, la soeur de Bernard,  s’était retirée après sa conversion (elle en sera la prieure).

Bernard y vint en particulier en 1128 et en 1142, pour des prises de voile de certaines de ses parentes ; et, en août 1141, avec ses frères (au moins André et Nivard), il assista aux derniers instants d’Hombeline et  célébra, le lendemain, une messe pour le repos de son âme en présidant les funérailles.

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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Publié le 12 Février 2025

VOYONS MAINTENANT LES RAPPORTS ULTÉRIEURS ENTRE BERNARD ET CHÂTILLON,

 

Car Bernard, bien qu’abbé de Clairvaux, va continuer à s’intéresser à ce qui se passe à Châtillon.D’abord, il va aider la Maison-Dieu ou hôpital Saint-Germain, qui accueillait les pèlerins, car Châtillon se trouvait sur une route secondaire allant à Saint-Jacques-de-Compostelle.

On a un premier texte, de 1129, où saint Bernard  intervint concernant le domaine de Val-de-Nuit (commune de Riel).                                                                         

En 1136, l’évêque Guillenc (ou Vilain d’Aigremont-évêque de 1126 à 1136) notifie les donations faites à la Maison-Dieu « par la main de Bernard, abbé de Clairvaux, et Gérard, et Godefroy, prieur ». Guy de Bailo donne les tierces du Val-de-Nuits avec l’accord de sa mère et de ses sœurs. De même, Tecelin, chevalier de Pothières, et sa sœur donnent les dîmes de val-de-Nuits.

Voici ce qui reste du Val-de-Nuits :

Et ensuite, il va surveiller les chanoines de Saint Vorles, ses anciens professeurs.

En 1073 avait été  élu comme pape Grégoire VII qui résolut de réformer l’Eglise : c’est qu’on appelle la réforme grégorienne. Et Bernard participa à cet esprit de réforme, qui toucha aussi les chanoines.

Qui étaient les chanoines, de façon générale ?                                     

Il existait trois sortes de communautés d’hommes : les chanoines de l’église cathédrale ; les chanoines vivant en communauté ; et les moines.

Les moines sont « morts pour le monde », mais les chanoines n’étaient pas astreints à la pauvreté ; ils devaient simplement observer la vie commune (dortoir et réfectoire).                                     

Mais, au milieu du XIe siècle, on va assister à une partition entre, d’un côté, les chanoines séculiers qui vivent en commun, mais en gardant leur patrimoine et, de l’autre, les chanoines réguliers, qui pratiquent une vie monastique plus rigoureuse.

Bernard va aider à se réformer plusieurs communautés de chanoines et, en particulier, ceux de  Châtillon.

Comme les chanoines vivaient en ville, Bernard ne les poussa pas à devenir moines (contrairement à Longuay, par exemple), mais il les poussa à se transformer en chanoines réguliers, et à suivre la règle d’Arrouaise, une abbaye fondée au sud-est de Bapaume (Pas de Calais), et qui avait été réformée par l’abbé Gervais (abbé de 1121 à 1147), un ami de Bernard.        

Ces chanoines suivaient la règle de saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone, dérivant de plusieurs de ses écrits (dont une lettre de saint Augustin, n° 211), destinée à régler la vie d’une communauté religieuse, mais modifiée par Gervais.

Arrouaise devint chef d’ordre et donna naissance à la Congrégation d’Arrouaise

L’abbaye Notre Dame de Châtillon devint la 16e fille d’Arrouaise.

Le premier abbé régulier à Châtillon fut Aldouin.                         

C’est à lui que le pape Innocent II, adressa un diplôme, en 1138, qui confirmait le changement advenu aux chanoines, et le pape rappela la participation de Bernard et de son parent, l’évêque de Langres, Guillenc d’Aigremont, pour cette régularisation.

A Aldouin, succéda un nouvel abbé, Baudoin, qui était un ami de Bernard.

Bernard lui écrivit une lettre pour le rassurer (lettre 401) :              

« Puisque vous appréhendez tant de m'avoir offensé, j'en conclus que vous m'aimez beaucoup; mais laissez toutes ces appréhensions et réjouissez-vous, ce que vous craigniez n'est point arrivé… ».

 

Et, plus tard, Bernard remplaça même l’abbé Baudouin lorsque ce dernier partit à Rome (lettre 279, écrite au comte de Champagne, Henri) :

« Le pieux abbé de Châtillon m’a établi gardien, après Dieu, de tous ses biens, en partant pour Rome ; or il est arrivé que des gens de Beaufort( situé sur la Voire, qui se jette dans l’Aube au-dessous de Clairvaux et de Bar-sur-Aube) au service d’un certain Simon ont volé un troupeau de porcs qui lui appartiennent ; j’aurais préféré, je l’avoue, qu’ils eussent pris les nôtres.

 Je vous prie de les lui faire rendre … » 

On voit aussi Bernard, en 1147, intervenir pour trouver un accord entre l’abbé Baudoin et le prieur de Colombey-les-Deux-Eglises.

Bernard également intervint dans une contestation concernant le village de Chaume, donné à l’abbaye par l’un de ses cousins, Hugues de Grancey, mais la donation était contestée par le fils.

Pour ces chanoines, devenus réguliers, Bernard dut les pousser à construire une nouvelle abbaye.

Elle fut construite à l’extérieur de la ville, mais pas très loin d’une porte de Châtillon (ce fut peut-être l’occasion de s’éloigner de la tutelle de l’évêque par ce déménagement).      

On ne sait sur quelles terres la nouvelle abbaye fut fondée ; on peut supposer que l’évêque de Langres donna le terrain, car il possédait les terres environnantes ; pour le financement, ce fut peut-être  le comte de Champagne (Thibaut II le Grand, un ami de saint Bernard) et les ducs de Bourgogne (plus tard ?).

Mais on n’a aucun renseignement.

D’abord, comme les abbayes cisterciennes, elle sera sous la protection de la Vierge : ce sera l’abbaye Notre Dame (l'abbaye de Molesme était aussi placée sous l’invocation de la Vierge).

La Vierge était le modèle de la vie monastique.

Ensuite, concernant le plan de l’église :  

Dans « le Petit Exorde » (histoire des débuts de Cîteaux -des parties ont été mises par écrit entre 1112 et 1119), on parle des cérémonies, des ornements de l’autel qui doivent être simples ; seule indication dans l’Exorde :

« on ne doit construire aucun monastère dans les villes, les bourgs et les domaines ruraux ».

Ensuite, Etienne Harding, en collaboration avec les quatre abbés des premières filles et ses moines, rédige le texte constitutionnel fondamental de l’Ordre de Cîteaux, la charte de charité (Carta Caritatis), qui officialise l'Ordre Cistercien et approuvée par le pape le 23 décembre 1119.

On exige l’unité de la vie monastique  qui doit être  la même dans toutes les abbayes, mais on ne se préoccupe guère  des bâtiments,  simplement il n'y a pas de clocher de pierre sur l’église.      

E1135, lors du chapitre général, et sous l'influence de Bernard, on sera très directif sur les contraintes architecturales.

On doit respecter le carré monastique et Bernard définit les bâtiments nécessaires pour servir Dieu selon la Règle : l'oratoire, le réfectoire, le dortoir, l'hôtellerie et la porterie, mais il n’y a rien concernant un plan précis d’église.

Cependant, au début du XIIIe siècle, l’architecte Villard de Honnecourt ((1200-1266- période d’activité : 1211-1250), dans ses carnets, fait un dessin d’une église cistercienne en indiquant :

« voici une église construite  d’équerre, faite de carrés ».

C’est ce qui a frappé Villard de Honnecourt.

plan Villard de Honnecourt :

 

Mais où a-t-il trouvé le modèle de son dessin ?

D’où vient ce plan dit « cistercien » ?

Dans les premiers temps, les moines construisirent leur abbaye  sous la direction d’un architecte, lui-même  moine ou convers ; et ils la construisaient à l’image  de l’abbaye  mère d’où ils venaient.                                        

Clairvaux possède au temps de saint Bernard deux architectes de grande réputation ; Achard, qui dirigea la reconstruction  de l’abbaye vers 1133/1135, et Geoffroy d’Aignay ; de plus, Bernard louera aussi son frère, Gérard, pour sa compétence d’architecte.

Mais, ce qui étonne, c’est la quasi-simultanéité d’édifications, car les abbayes, dans les années 1135-1145, sont construites sur le même plan architectural.

On a parlé dans les années 1990 d’un « plan bernardin » (pour les abbayes faites du vivant de saint Bernard), qui insiste sur un chœur à chevet plat de plan rectangulaire, une série de chapelles alignées  sur le transept (et, extérieurement, prises dans un mur droit) et les grandes arcades en berceau brisé.

                                   

Plus récemment, Philippe Plagnieux a reparlé du « chevet bernardin » ; il a émis l’idée que ce plan-type pourrait très bien avoir été élaboré préalablement à Fontenay.

Maintenant,comparons l’église de l’abbaye Notre Dame de Châtillon, abbaye de chanoines, avec des églises des abbayes cisterciennes construites du temps de saint Bernard :

plan de Clairvaux II :

Il y a Clairvaux II (construit à partir de 1135-1145).

Les historiens d’architecture cistercienne ont émis l’hypothèse  que l’église avait un petit chevet carré et peu profond avec deux chapelles de chaque côté accrochées au chœur                      

(Mais une nef voûtée en berceau).                   

 plan de La Ferté :

Abbaye fondée en 1113

Comparons maintenant Fontenay- église-témoin ?- (début de construction : 1139/ fin : 1147) et Châtillon 

 comparaison plan Fontenay et de Notre Dame de Châtillon :

 

Voici le chevet « bernardin » en question :

Fontenay :

 

Châtillon :

Les voûtes sont en berceau brisé :

Fontenay :

 Châtillon :

Autres comparaisons : - la porte d’entrée ; les vantaux et les pentures :

Châtillon :

Pontigny :

 

Mais, il y a une différence existant entre l’abbaye Notre Dame et une abbaye cistercienne:                                                                       

A Châtillon, il y a un clocher en pierre, il n'ya pas de bâtiment pour les convers et  pas de scriptorium

(Il existe à Châtillon une autre église qui a les mêmes caractéristiques : l’église Saint Nicolas, chapelle de la Maison-Dieu Saint Germain, mais le chevet a été démoli et remplacé par du gothique flamboyant)

 

POUR TERMINER : SAINT BERNARD A CHÂTILLON AUJOURD’HUI

Les Feuillants :

 saint Bernard, statue en bois, XVIIe siècle :

 

 les Feuillants :

Ce sont les membres d'un ordre monastique bernardin de la règle de Cîteaux  issu de l'ordre des Cistercien.  

L'ordre tenait son nom de l'abbaye cistercienne de Notre-Dame de Feuillant dans l'ancien diocèse de Rieux près deToulouse (Haute Garonne).                                   

Cette abbaye passe en 1562 aux mains de Jean de la Barrière lequel, devenu abbé en 1577, entreprend de restaurer l'ancienne observance.

D'autres maisons adoptent sa réforme.

En 1595, le Pape approuve les Constitutions de Jean de la Barrière. Les Feuillants vont, en 1614, racheter Fontaine (château natal) et, en 1621, la maison de Tescelin à Châtillon et y fonder un couvent.

Les reliques :

Planay : vocable : saint Laurent ; buste reliquaire, fin XVIIe/début XVIIIe siècle

Riel-les-Eaux : vocable : saint Bernard ; buste reliquaire, XIVe siècle 

Châtillon ; le Ier août 1633, le curé de Riel donna une « esquille » du chef de saint Bernard, dont il possédait une grande partie du chef ; mais, disparut à la Révolution, probablement.                                          

Le dimanche 8 octobre 2018, eut lieu l'entrée solennelle des reliques de saint Bernard (données par l’archevêque de Dijon) dans l'église Saint-Vorles..

Les reliques à Châtillon :

Une randonnée a été créée, sur lmes pas de Bernard, elle se nomme la "Randonnée Saint Bernard de Clairvaux"

Voici la carte  de cette randonnée :

            

      EN CONCLUSION :

Saint Bernard de Clairvaux représenté sur un vitrail de l'église saint Nicolas :

Saint Bernard, décédé le 20 août 1153, a été canonisé le 18 janvier 1174. Déclaré docteur de l’Eglise  en 1830.      

On a dit qu’il avait façonné le XIIe siècle ; et il a été une référence au cours des âges. 

Dans la « Divine Comédie » de Dante,le pèlerin Dante est accompagné de trois guides : Virgile ; puis Béatrice ;et c'est saint Bernard qui devient le dernier guide de Dante.

Le saint adresse une prière à la Sainte Vierge et finalement Dante reçoit la révélation suprême de Dieu, l'« Amour qui meut le ciel et les étoiles ».

                                                                 - Panégyrique de Bossuet (discours à la gloire de quelqu’un) ; XVIIe siècle

 

Au soir de sa vie, le général de Gaulle, à la Boisserie, s’interrogea devant André Malraux : « Saint Bernard était assurément un colosse ; était-il un homme de cœur ? » (cité par Pierre Aubé)

 

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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